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29 juillet 2016

Analyse : l’après Atelier HCRRUN, un espoir de changement ?



La célèbre salle ‘’Fazao’’ de l’Hôtel Radisson Blu 2 Février, a abrité pendant 5 jours successifs un atelier qui est désormais inscrit dans l’histoire de notre pays. Du 11 au 15 juillet dernier, différentes composantes de la population togolaise (parlementaires, autorités religieuses et traditionnelles, centrales syndicales, organisations de la société civile, membres de l’Exécutif togolais, acteurs politiques, etc.) ainsi que d’éminentes personnalités étrangères ont honoré de leur présence l’atelier national du Haut-Commissariat à la Réconciliation et au Renforcement de l’Unité National (HCRRUN) sur les réformes politiques au Togo. Le HCRRUN, qui à l’origine avait été conçu comme un organe exécutif des recommandations de la Commission Vérité Justice et Réconciliation (CVJR) s’est vu, tel un Simon de Sirène, réquisitionné et chargé de la lourde « croix » de trouver une issue aux problèmes de réformes constitutionnelles et institutionnelles qui depuis des mois taraudent les esprits, sèment la confusion parmi la population et divisent les acteurs politiques. Cet atelier, serait-il, comme le pensent certains, une copie conforme de la Conférence nationale souveraine ?




Il y a une semaine, la présidente du HCRRUN Mme Awa Nana-Daboya a remis symboliquement au Chef de l’Etat, Son Excellence Faure Essozimna GNASSINGBE la synthèse des travaux sur l’atelier national sur les réformes politiques et institutionnelles. Maintenant que certains points essentiels du document (notamment : l’indépendance du pouvoir judiciaire vis-à-vis du pouvoir exécutif, la limitation du mandat présidentiel, le mode de scrutin, la gestion des contentieux électoraux, le contrôle de la nomination aux hauts postes et la déclaration des patrimoines à l’entrée et à la sortie de poste des gouvernants) sont connus, la commission que promet de former le Chef de l’Etat en vue de l’exécution des recommandations a désormais matière à réflexion.
On voit bien que « la question des réformes est au cœur des préoccupations de tout un chacun » et les participants s’étaient mis d’accord sur bien de sujets à polémique. Dans cette situation, d’aucuns seraient tenter de se demander d’un air perplexe où se trouve encore le blocage ? Pourquoi les choses ne bougent-ils toujours pas depuis-là ? L’opinion selon laquelle « les travaux ont été fructueux » est partagée, d’autant plus que les résultats sont là. Cependant, a-t-on déjà défini les modalités d’application de ces résultats ? Ou bien, iraient-elles rejoindre au fond des tiroirs le lot des précédentes recommandations ? L’épilogue du roman Atelier national du HCRRUN donnerait-il raison à ceux qui croient dur comme fer que c’est encore une forme de « diversion » initiée par le gouvernement pour bluffer la population et la communauté internationale ? L’avenir nous le dira.

Ce n’est pas extraordinaire, le fait que cet atelier ait suscité tant d’interrogations. L’histoire du Togo comptabilise plus de 23 dialogues qui n’ont abouti à ‘’aucun changement concret’’. Alors, quelle garantie a-t-on quant à la réussite de ce énième atelier de réflexion ? Combien d’assises faudra-t-il au Togo pour s’engager dans le processus de démocratisation ? Quel nombre précis de commissions doit-on mettre en place pour que ‘’les choses bougent’’ enfin ? Les recommandations de l’Accord Politique Global (APG) et de la Commission Vérité, Justice et Réconciliation (CVJR), qu’en a-t-on fait ? Où en sommes-nous aujourd’hui dans le processus de leur mise en application ? C’est pourtant clair comme l’eau de source que si cet atelier (et peut-être les autres qui suivront) constituent le dernier des soucis de la majeure partie du peuple togolais, c’est tout simplement parce que ceux qui ont précédé tardent encore à porter des fruits et que, le peuple s’enlise désormais dans une léthargie et une indifférence totales.

C’est connu de tous, quant aux échecs accumulés, pouvoir et opposition se jettent la responsabilité. Bien entendu, personne ne désire porter le poids de l’échec – allez demander aux élèves qui ont échoué aux différents examens de fin d’année. Jusqu’à quand irons-nous d’échecs en échecs sans apprendre de nos expériences ? Ces 6 millions d’âmes qui se réclament de nationalité togolaise et qui pourtant ne sont pas maîtres de leur destin, quelles sont leurs réelles aspirations ? Les exposés et débats qui ont meublé cet atelier, n’ont-ils pas été un peu trop le lieu de l’étalage des connaissances intellectuelles et réflexions philosophiques ? Concrètement, est-ce de cela que le peuple a besoin ? Non, l’heure n’est pas aux beaux discours mais plutôt, et surtout, à l’action.
Mais, le vent d’optimisme qui souffle depuis quelque temps sur le système politique semble inviter à dire un ‘’ouf’’ de soulagement. Désormais, le problème ne se pose plus, aucun obstacle n’existe plus. Le Togo doit pouvoir « se lever et marcher ». Le travail de la future commission d’exécution doit permettre de parvenir à l’adoption d’un modèle politique qui convienne aux attentes du peuple. Il est donc  impératif que l’atelier du HCRRUN tel du bon grain semé porte du fruit en abondance afin de s’atteler aux actions concrètes en vue du développement intégral et de la démocratie tant désirés par le peuple togolais.

Après les 5 jours de « travail » dans un cadre aussi idyllique que celui de la salle Fazao de l’un des hôtels 5 étoiles du Togo, les Togolais n’ont-ils pas le droit d’être fixés sur leur sort ? Pour une fois, que les actions qui découleront de cet atelier de réflexion et d’échanges « fructueux » soient à la hauteur des efforts déployés et de l’énergie mobilisée. Oui pour un Togo nouveau porté sur la consolidation de la démocratie, de l’Etat de droit et du respect des droits de l’Homme.

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