La célèbre salle
‘’Fazao’’ de l’Hôtel Radisson Blu 2 Février, a abrité pendant 5 jours successifs
un atelier qui est désormais inscrit dans l’histoire de notre pays. Du 11 au 15
juillet dernier, différentes composantes de la population togolaise (parlementaires,
autorités religieuses et traditionnelles, centrales syndicales, organisations
de la société civile, membres de l’Exécutif togolais, acteurs politiques, etc.)
ainsi que d’éminentes personnalités étrangères ont honoré de leur présence
l’atelier national du Haut-Commissariat à la Réconciliation et au Renforcement
de l’Unité National (HCRRUN) sur les réformes politiques au Togo. Le HCRRUN,
qui à l’origine avait été conçu comme un organe exécutif des recommandations de
la Commission Vérité Justice et Réconciliation (CVJR) s’est vu, tel un Simon de
Sirène, réquisitionné et chargé de la lourde « croix » de trouver une
issue aux problèmes de réformes constitutionnelles et institutionnelles qui
depuis des mois taraudent les esprits, sèment la confusion parmi la population
et divisent les acteurs politiques. Cet atelier, serait-il, comme le pensent
certains, une copie conforme de la Conférence nationale souveraine ?
Il y a une
semaine, la présidente du HCRRUN Mme Awa Nana-Daboya a remis symboliquement au
Chef de l’Etat, Son Excellence Faure Essozimna GNASSINGBE la synthèse des travaux
sur l’atelier national sur les réformes politiques et institutionnelles. Maintenant
que certains points essentiels du document (notamment : l’indépendance du
pouvoir judiciaire vis-à-vis du pouvoir exécutif, la limitation du mandat
présidentiel, le mode de scrutin, la gestion des contentieux électoraux, le
contrôle de la nomination aux hauts postes et la déclaration des patrimoines à
l’entrée et à la sortie de poste des gouvernants) sont connus, la commission
que promet de former le Chef de l’Etat en vue de l’exécution des
recommandations a désormais matière à réflexion.
On voit bien que
« la question des réformes est au cœur des préoccupations de tout un
chacun » et les participants s’étaient mis d’accord sur bien de sujets à
polémique. Dans cette situation, d’aucuns seraient tenter de se demander d’un
air perplexe où se trouve encore le blocage ? Pourquoi les choses ne
bougent-ils toujours pas depuis-là ? L’opinion selon laquelle « les travaux
ont été fructueux » est partagée, d’autant plus que les résultats sont là.
Cependant, a-t-on déjà défini les modalités d’application de ces résultats ? Ou
bien, iraient-elles rejoindre au fond des tiroirs le lot des précédentes
recommandations ? L’épilogue du roman Atelier
national du HCRRUN donnerait-il raison à ceux qui croient dur comme fer que
c’est encore une forme de « diversion » initiée par le gouvernement
pour bluffer la population et la communauté internationale ? L’avenir nous
le dira.
Ce n’est pas
extraordinaire, le fait que cet atelier ait suscité tant d’interrogations.
L’histoire du Togo comptabilise plus de 23 dialogues qui n’ont abouti à ‘’aucun
changement concret’’. Alors, quelle garantie a-t-on quant à la réussite de ce
énième atelier de réflexion ? Combien d’assises faudra-t-il au Togo pour
s’engager dans le processus de démocratisation ? Quel nombre précis de
commissions doit-on mettre en place pour que ‘’les choses bougent’’ enfin ?
Les recommandations de l’Accord Politique Global (APG) et de la Commission Vérité,
Justice et Réconciliation (CVJR), qu’en a-t-on fait ? Où en sommes-nous aujourd’hui
dans le processus de leur mise en application ? C’est pourtant clair comme
l’eau de source que si cet atelier (et peut-être les autres qui suivront) constituent
le dernier des soucis de la majeure partie du peuple togolais, c’est tout
simplement parce que ceux qui ont précédé tardent encore à porter des fruits et
que, le peuple s’enlise désormais dans une léthargie et une indifférence
totales.
C’est connu de
tous, quant aux échecs accumulés, pouvoir et opposition se jettent la
responsabilité. Bien entendu, personne ne désire porter le poids de l’échec –
allez demander aux élèves qui ont échoué aux différents examens de fin d’année.
Jusqu’à quand irons-nous d’échecs en échecs sans apprendre de nos expériences ?
Ces 6 millions d’âmes qui se réclament de nationalité togolaise et qui pourtant
ne sont pas maîtres de leur destin, quelles sont leurs réelles aspirations ?
Les exposés et débats qui ont meublé cet atelier, n’ont-ils pas été un peu trop
le lieu de l’étalage des connaissances intellectuelles et réflexions
philosophiques ? Concrètement, est-ce de cela que le peuple a
besoin ? Non, l’heure n’est pas aux beaux discours mais plutôt, et surtout,
à l’action.
Mais, le vent d’optimisme
qui souffle depuis quelque temps sur le système politique semble inviter à dire
un ‘’ouf’’ de soulagement. Désormais, le problème ne se pose plus, aucun
obstacle n’existe plus. Le Togo doit pouvoir « se lever et marcher ».
Le travail de la future commission d’exécution doit permettre de parvenir à
l’adoption d’un modèle politique qui convienne aux attentes du peuple. Il est donc impératif que l’atelier du HCRRUN tel du bon
grain semé porte du fruit en abondance afin de s’atteler aux actions concrètes
en vue du développement intégral et de la démocratie tant désirés par le peuple
togolais.
Après les 5
jours de « travail » dans un cadre aussi idyllique que celui de la
salle Fazao de l’un des hôtels 5 étoiles du Togo, les Togolais n’ont-ils pas le
droit d’être fixés sur leur sort ? Pour une fois, que les actions qui
découleront de cet atelier de réflexion et d’échanges « fructueux » soient
à la hauteur des efforts déployés et de l’énergie mobilisée. Oui pour un Togo
nouveau porté sur la consolidation de la démocratie, de l’Etat de droit et du
respect des droits de l’Homme.
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