<<Aux âmes bien
nées, la valeur n’attend point le nombre d’années>>, c’est en ces mots de
Pierre Corneille que peut se résumer le parcours d’Agboti Yao. Une étoile pas
comme les autres, qui continue par scintiller malgré le poids de l’âge. Partons
a la découverte de ce grand monument de la musique togolaise à travers cet
article-portrait rédigé à partir d’une interview.
Né le 31 décembre 1959 a Ahavé
dans la Préfecture de Zio de parents cultivateurs, Agboti Yao Mawuéna passa une
partie de son enfance au Ghana ou il obtint un diplôme équivalent au CEPE(actuel
CEPD). Il poursuivit ses études secondaires au Togo au collège Kouve-Est.
Un rêve d’enfance et un concours
qui change tout
Depuis son enfance, Agboti brulait déjà
d’envie de devenir artiste de la chanson et rêvait d’une carrière
internationale. Il est remarqué en 1977 par l’un de ses professeurs qui
l’encouragea à s’inscrire la même année sur la liste des candidats au concours
de musique <<Interville 77>>organisé par la Radio Lomé. Il fut le
second lauréat.
Ce prix lui permit d’enregistrer
son premier disque <<Kudzéssu>>(la mort) en 1979. Ce fut un véritable succès
de discothèque qui se vendait comme de petits pains(12.000 cassettes par mois).
La carrière d’Agboti venait ainsi de décoller. En 1980, il remporta le prix de
l’Etoile d’Or de la Chanson Togolaise, un concours organisé a l’époque par la
Radio Lomé à l’endroit des artistes dont les œuvres musicales étaient radiodiffusées.
La même année, il sortit <<Agbélenko>>.
Les années de gloire
En 1983, Agboti Yao enregistra
<<A toi ma mère>>, un disque avec lequel il partira pour Abidjan en
vue de sa promotion. L’artiste reviendra plus tard au pays sur invitation d’un
ministre d’Etat de l’époque pour chanter au sommet France-Afrique. Les années
1987-1988 furent pour Agboti celles des festivals et des tournées en Louisiane
et en Europe notamment en France ou il enregistra <<Medzago(Ele Boto)>>
a Paris en 1988.
Après cela, c’est un autre succès
musical avec l’album<< Ne nye woede>> suivi deux ans plus tard de
son plus célèbre morceau intitulé<<Ablode gbadza>> qui signifie
<<liberté totale>>. Agboti Yao s’est aussi rendu populaire par la création
du <<Sogo>>, premier rythme moderne togolais qui n’a pas tardé à
recevoir l’approbation du public. A cet effet, il a été baptisé<<le roi
du Sogo>>.
Les grands esprits se rencontrent
Agboti fit la rencontre du
congolais Franco Luambo avec qui il se lie d’amitié. Les deux artistes enregistrèrent
un disque <<Africa for Africa>>, un appel à la prise de conscience
africaine sur la famine qui sévissait en Ethiopie a cette époque.
Mis à part Franco, Agboti fit la connaissance
de nombreuses célébrités africaines a l’instar des ivoiriens Amédée Pierre,
Ernesto Djedje, Aicha Koné, Monique Seka, du béninois Daniel SAGBOHAN et du ghanéen Kodjo
N’tsui.
Un chanteur prolifique
Agboti Yao Mawuena est l’un des
artistes togolais les plus féconds. La preuve est qu’il possède 16 albums.
Depuis <<Kudzéssu>> sorti en 1979, considéré comme un coup de
pioche, les disques se succédèrent considérablement. Le second album
<<Agbélénko>> sortira en 1980.
Il sera suivi de Domenyonyo(la charité),
A toi ma mère(1983), Apassato(Commère), Sogo Party 1 et 2, African girl,
Medzago(Mea culpa) et Ablode Gbadza pour ne citer que ceux-ci. En 2012, il a signé
un nouvel album, <<Méga vivi noume namwo>>(Ne me flattes pas avec des
belles paroles hypocrites).
Agboti Yao : un artiste au
service de la paix et de la cohésion sociale
Agboti est un musicien aimé pour
sa dévotion aux causes sociales. Avec des messages qui collent à la réalité, il
s’est imposé sur le plan national et international. A travers le tube
<<Domenyonyo>>, l’artiste dénonce l’ingratitude de l’homme qui n’éprouve
pas de reconnaissance à l’égard de son bienfaiteur.
Le même son de cloche retentit
dans <<Midzaye>>(Prudence) ou Agboti en appelle à la prudence en la
confiance faite à autrui. Quant à<<Ape>>(Maison), l’artiste y
relate les exactions commises par les propriétaires des maisons de location.
Agboti est aussi cet artiste qui remonte le moral et apaise les cœurs à travers
ses œuvres musicales.
C’est ce qu’on peut retenir de <<Yayra
le dzipo>>(Bénédiction céleste) et de <<Tso wodzi>>(Confies-Lui
ton cœur). L’artiste est également romantique dans certains morceaux comme
<<Sepopo>>(Fleur), <<Chérie, je t’aime>> ou
encore<<C’est ma go>>. De plus, Agboti Yao fait partie des rares
musiciens a plaider pour la libération de Nelson Mandela ainsi que pour la fin
de l’apartheid. C’est dans ce cadre que s’inscrit sa chanson sur la paix.
L’exil et le retour au pays
C’est la mauvaise interprétation
du morceau <<Ablode Gbadza>>, forme de cri de ralliement de
l’opposition togolaise, qui a contraint l’artiste a l’exil. Après plusieurs années passées
au Ghana, en Allemagne et aux USA, Agboti s’est réinstallé au Togo en 2010. Actuellement,
il est marié avec cinq enfants et projette la création d’une Académie de
formation de jeunes musiciens.
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