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07 avril 2016

Réconciliation Nationale : Une marche difficile vers la concorde



Mercredi 27 avril 1960: les douze coups de minuit venaient de sonner. Dans la nuit noire parsemée de quelques lumières, de nombreux Togolais suivent avec attention le discours de Sylvanus Olympio qui proclame l’accession du pays a la souveraineté internationale. Tous saluent la naissance d’un nouvel Etat indépendant qui sonnera le glas des querelles de jadis et rétablira la cohésion nationale. Illusion. Les conflits interethniques et les luttes politiciennes n’ont pas encore dit leur dernier mot.

(Image INTERNET)

 Le sentier de la réconciliation : un chemin parsemé d’embuches
Il n’a fallu que quelques mois à la jeune République pour réaliser que recoudre le tissu social n’était pas chose aisée. L’épouvante et l’angoisse ont eu raison des sentiments de joie et de paix retrouvées. Aux exactions commises par la milice <<Ablode Sodja>> s’ajoutent les dérives autoritaires du parti au pouvoir. Les actions contre la cohésion trahissaient les discours de réconciliation et d’union nationale. << Il est du devoir de chacun d’oublier tout ce qui les a divisés politiquement[…]pour l’intérêt supérieur de la Nation>> disait en substances le président Olympio lors de son allocution du 25 avril 1961. Le chef de l’Etat se souciait-il vraiment de faire taire les discordes ? Les membres du Comité Insurrectionnel qui le renverseront plus tard n’en sont pas convaincus.

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 Ces militaires démobilisés n’hésiteront d’ailleurs  pas à inscrire son paternalisme et l’atmosphère délétère qui a prévalu lors de son passage dans les motivations du putsch. La chute du régime Olympio serait-elle synonyme du retour de la paix ? Son beau-frère Nicolas GRUNITZKY revenu précipitamment du Benin pour lui succéder tentera de répondre a cette question. Homme épris de paix, il réussit a réunir les forces vives de la nation autour d’une table ronde . 
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Cette conférence aboutit à une nouvelle constitution ou le bicéphalisme est instauré pour rétablir l’équilibre régional. Cependant, fragilisé par les ambitions démesurées de son vice-président Antoine Meatchi et des rivalités diverses, le gouvernement cède aux exigences  de l’armée qui réclame sa démission. <<[…]Devant les heures graves que connaissait le pays, j’étais appelé à prendre en main les destinées de la nation togolaise.[…] Mon unique souci a été la recherche de l’union et de la réconciliation de tous les enfants de ce pays. […]Cette politique a porté ses fruits et doit être poursuivie[…]je pars la tête haute car je n’ai servi que les intérêts du Togo>> déclare Grunitzky le 13 janvier 1967.

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 Pas besoin d’être analyste politique pour savoir que ce discours n’est que d’ordre justificatif. Si la réconciliation était en marche, qu’ est ce qui pousserait l’armée a freiner cette aventure ? Les militaires désormais au pouvoir sous Kleber Dadjo créent un Comité dit de <<Réconciliation Nationale>>.

 Toutefois, étant plus préoccupés par sa légitimité, ce comité jugé d incompétent est dissous par Etienne Eyadema qui prend les rênes du pouvoir sur <<sollicitations des Togolais>>. L’homme classe le mal togolais en deux volets : clivage Nord-Sud et antagonisme politique. Sur la base de ce constat, il interdit alors les formations politiques et crée un parti d’union nationale RPT. Tout laisse à penser que dans l’entendement de ce dernier, la réconciliation se résumait a la fusion des idées plutôt qu’ à l’acceptation de l’idée opposée. En  novembre 1976, le général Eyadema se félicitait des résultats obtenus : << L’histoire objective de notre pays […] retiendra ce fait fondamental : un jour, les Togolais[…] déchirés par des antagonismes irréductibles se sont retrouvés dans un seul et même mouvement de rénovation nationale. Faisant fi des errements de jadis, ils ont décidé de marcher fraternellement vers des horizons nouveaux[…]>>. Mais, l’image d’un pays au bord de la <<guerre civile>> au début des années 1990 remettra en cause ce discours de façade.

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 Après moult efforts de réconciliation nationale sanctionnée par des échecs, le président Eyadema s’éteint en laissant derrière lui un pays divisé. Son fils, Faure Gnassingbé, qui lui succède, tentera de relever le défi. Il organise à cet effet un dialogue qui aboutit à la signature d’un Accord Politique Global le 20 aout 2006. C’est en ce jour que le jeune chef d’Etat s’exprime pour la première fois depuis son élection :<<[…] Un esprit nouveau souffle sur le Togo[…]>>. Les observateurs sont surpris plus tard d’écouter le même président dire à la veille du cinquantenaire de l’indépendance : << […]le pays qui a montré la voie hier offre aujourd’hui l’image désolante de la désunion[…]>>
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. Somme toute, il faut dire que la réconciliation nationale mise en place par Olympio, poursuivie par Grunitzky et Eyadema n’est toujours pas devenue une réalité sous Faure Gnassingbé.


Pour un avenir meilleur
Ce tour analytique nous révèle les différents soubresauts de la vie politique togolaise. Certes, des efforts louables sont consentis mais le bout du tunnel  n’est pas pour demain. Une nation prospère et émergente ne peut se construire que sur les bases de la tolérance, de la fraternité et du patriotisme. Ainsi, la politique ne doit plus être considérée comme un moyen de détournement des causes malsaines mais comme un service à la nation. Dans le souci d’éviter la répétition des incidents, les autorités doivent œuvrer pour mettre fin à l’impunité par des reformes judiciaires tout en indemnisant les victimes. Il reviendra aussi au Chef de l’Etat et aux différentes formations qui animent la vie politique du pays de présenter des excuses solennelles aux populations. Pour prévenir de nouveaux conflits, la place des medias ne peut pas être sous-estimée. Ces moyens de communication doivent être associés aux processus de communication pour un avenir <<apaisé, expurgé des rancœurs du passé, débarrassé de toute forme d’impunité et enraciné dans l’Etat de droit>> selon les termes du livre blanc de la CVJR.

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