« Planète 50-50 d’ici 2030, franchissons le pas
pour l’égalité des sexes » : c’est le thème retenu pour la
célébration de la Journée Internationale de la femme 2016. Les différents
évènements qui ont marqué cette journée ont été l’occasion de mettre un accent
particulier sur les moyens de planifier l’agenda de 2030 afin d’atteindre les
objectifs de développement durable surtout dans le cadre des droits de la femme.
Aux quatre coins du monde, la mobilisation n’a pas été des moindres. Caravanes,
marches silencieuses, festivités, manifestations artistiques et culturelles,
discours, ateliers de formation, conférences-débats… le menu était alléchant.
Cependant, combien de femmes se sentent vraiment concernées ? Que
comprennent-elles de cette journée ? Cette journée qui avait à l’origine
une connotation militante, ne prend t-elle finalement pas un tournant
commercial et trop festif ? Ce qui évident est que la lutte est loin
d’être terminée ; d’ailleurs c’est maintenant qu’elle commence...
Égalité des sexes, autonomisation des femmes,
épanouissement des femmes, lutte contre les violences faites aux femmes :
autant de thèmes qui ont marqué la Journée internationale de la femme aucours
des années précédentes. De ces thèmes en faveur des droits des femmes et des
manifestations qui y étaient liées, que peut-on retenir de concret, quel bilan
dresser ? Ce sont là, les questions essentielles que devront se poser les
institutions internationales et les acteurs privés qui luttent pour les droits
des femmes. La question des droits des femmes s’arrête t-elle au 08 mars ?
Un 1/365 jours ne suffira pas à mener cette lutte et à clore le débat.
Femmes, debout !
La femme est sans aucun doute le sexe le plus
stéréotypé. Victime des normes sociales, des préjugés sociaux basés sur le sexe,
des inégalités et injustices sous toutes les formes, des considérations
sexistes, des représentations négatives de tous genres, elle se retrouve à
l’étroit dans un monde où chaque être humain est appelé à vivre en liberté. Cependant,
c’est en elle que se forme le noyau de l’humanité ; elle est la matrice
même car « éduquer un homme, c’est éduquer un individu mais éduquer
une femme, c’est éduquer une nation ». Et
cela, elles l’ont vite compris. Alors, repues mais pas rompues, elles se sont
mobilisées pour faire entendre leurs voix dans un contexte où l’oppression et
la non-considération des femmes avaient droit de cité. Des femmes ordinaires
ont posé des actes extraordinaires : elles ont bousculé les comportements,
brisé les barrières, poussé l’audace jusqu’à l’extrême… oui, elles ont mené des
combats acharnés pour revendiquer leur liberté et, le résultat est là : la Journée Internationale des droits des
femmes.
Les luttes féministes ont été les éléments
déclencheurs de l’institutionnalisation de cette journée, fruit des efforts
déployés par de braves femmes des décennies auparavant. Ces autres femmes, qui
aujourd’hui exhibent des pagnes, des banderoles, des pancartes sur les rues,
que savent-elles de ces figures féminines qui ont marqué l’histoire ? Eh
oui, il n’y a pas que les hommes qui ont marqué l’histoire. La réalisation des
droits des femmes et leur pleine participation au processus de développement
politique et économique ne s’arrêtent pas à la mondialisation d’une journée par
an. Certes, des progrès remarquables ont été réalisés depuis 1977, l’année de
l’institutionnalisation de cette journée. Mais beaucoup d’efforts restent à
faire pour l’avènement d’un monde où l’égalité des sexes ne sera plus ni un
rêve fantasque, ni une utopie. Comment y parvenir dans 14 ans en regroupant les
initiatives des Nations Unies, des gouvernements, de la société civile et du
secteur privé ? Parvenir à la parité homme-femme à l’horizon 2030, c’est faire
le bilan des victoires et échecs passés, analyser les défis à relever et examiner
les perspectives d’avenir. Moins de discours et beaucoup d’actes
concrets : ce doit être la nouvelle politique dans le cadre de la
réalisation des objectifs de développement durable.
La Charte des Nations Unies, adoptée en 1945, a été
le premier instrument international à établir le principe de l’égalité entre
les femmes et les hommes. C’est ainsi que l’Organisation des Nations Unies
œuvre dans le but d’améliorer les conditions de vie des femmes dans le monde en
mettant en place des normes internationales, des programmes et des objectifs à
atteindre. Ainsi, favoriser la participation des femmes en tant que partenaires
égales des hommes, c’est relever les défis socioéconomiques et politiques du
monde. Aujourd’hui, il est plus qu’évident qu’aucune solution durable aux
problèmes les plus pressants de la société ne peut connaître un aboutissement correct
sans l’implication des femmes en tant qu’acteurs clés de développement. Faire de cette journée militante une opportunité d'affaires, ne serait-ce pas manquer de respect à la mémoire de ces vaillantes femmes qui ont obtenu à la sueur de leurs fronts et par leur sang versé ce semblant de liberté dont nous jouissons aujourd'hui? C’est
pourquoi, Femmes du monde, bousculez les mentalités pour provoquer et obtenir
le changement entamé depuis au moins 90 ans. Vous avez la responsabilité
d’œuvrer pour l’égalité, la justice, la paix et le développement mondial. En êtes-vous vraiment conscientes ?
Pour moi, le 08 mars…
Adjo, 18 ans, élève : « ça ne signifie pour
moi rien de particulier. Ce n’est pas
non plus un jour férié, alors c’est un jour tout comme les autres. »
Elom, 25 ans, étudiante : « J’aurais aimé
qu’on donne à cette journée une plus grande valeur pour attirer l’attention des
gens, surtout des femmes elles-mêmes. Pourquoi ne pas en faire un jour férié et
organiser une grande campagne de sensibilisation aux droits des femmes ?
Ça sera tellement cool. »
Akofa, 30 ans, commerçante : « Pour moi, c’est
une journée de réflexion et de méditation. Je me demande, en tant que femme, ce
que je fais concrètement pour imposer le respect des autres et imposer mes
droits. Ça m’arrive de prendre certaines résolutions … »
Aïda, 28 ans, femme au foyer : « Je ne
sais pas vraiment ce que c’est. Nous qui n’avons pas été à l’école, on ne connait pas ces choses-là. Il faut nous
expliquer comme ça on se sentira impliqué aussi. »
Mme Kouméalo, 39 ans, couturière : « Journée
internationale de la femme ? Ça ne me pas grand-chose, j’ai trop de soucis
pour m’occuper de ces genres de fêtes. D’ailleurs les femmes instruites le
fêtent à notre place. »
Mme Elkana, 47 ans, fonctionnaire : « La plupart du
temps, on se retrouve entre femmes et on fait des manifestations diverses.
Personnellement je trouve que c’est insuffisant. Mais, que peut-on faire
d’autre ? Des projets personnels ou ONG par exemple ? Tout cela est
question d’argent et de temps sans parler de ceux qui s’y opposeront. C’est
vraiment compliqué... (rires) »
Da Vicky, 58 ans, vendeuse de noix de
coco : « Ah bon ? C’est pourquoi toutes ces femmes en
uniforme ? De toutes les façons, nous autres on va mourir bientôt donc
cette histoire c’est pour les plus jeunes. D’ailleurs, la femme a perdu aujourd’hui
sa dignité et sa valeur. Je crains que quelque chose de positif sorte de toutes
ces journées mondiales-là. Le monde même est à l’envers. »
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