Madame Adama BACCO fait partie du cercle très fermé des femmes artistes-marionnettistes africaines. Elle a créé une troupe féminine de marionnettistes et mène une lutte acharnée pour l’émancipation et l’autonomisation des femmes artistes d’Afrique. Témoin vivant de ce combat de courage et de bravoure, la réalisatrice Hélène BOCCO a décidé de dresser le portrait de cette vaillante dame à travers un documentaire.
A.A :Quelle est la source de
votre passion pour le cinéma ?
H.B :Ma passion pour le cinéma a commencé
par le théâtre parce que tout d’abord je suis comédienne et je fais aussi du théâtre
de marionnettes. Je fais partie de la troupe féminine de marionnettistes BOUAM.
Nous sommes des femmes et des filles qui faisons de la marionnette et de la
percussion. J’aime donc tout ce qui est art et le cinéma en tant que 7eme art
se trouve être la synthèse de tous les arts. Quand je fais des représentations
sur scène avec les marionnettes, je ressens toujours cette envie de véhiculer
un message et c’est exactement ce qui se fait à travers le cinéma. Par l’image
et le son, vous passez un message important à votre public et vous influencez
la société.
A.A :C’est votre amour pour les
marionnettes qui vous a poussé vers le personnage principal de votre
documentaire?
H.B :Certes, je suis membre de la
troupe féminine BOUAM mais j’ai été plus impressionnée par cette dame, Mme
BACCO, une femme déterminée qui ne recule devant rien et qui forme des jeunes
femmes marionnettistes. Plusieurs préjugés
sur la femme sont restés gravés dans les esprits en Afrique : on
leur interdit de toucher au djembé et au tambour. Mme BACCO a réussi à surmonter
ces préjugés pour s’initier à ce domaine réservé aux hommes. Emue par tous ses
efforts, j’ai décidé de dresser son portrait par un film documentaire. La voir à
l’écran permettra a beaucoup de rejeter cette vieille pensée selon laquelle une
femme qui œuvre dans l’art mène forcement une vie de débauche et est condamnée
a rester stérile. J’ai voulu faire de cette dame un modèle pour toutes les
femmes férues d’art mais victimes de préjugés. L’autre but était de susciter
dans les spectateurs une attirance pour l’art de la marionnette.
A.A :Maman Africa Marionnette.
Pourquoi ce titre ?
H.B :Parce que c’est précisément
le surnom de la dame. Tous ses élèves, ses amis et ses connaissances
l’appellent ainsi car elle est une femme artiste-marionnettiste mais aussi mère
de famille et grand-mère.
A.A :Avez-vous rencontré des difficultés
au cours de la réalisation ?
H.B :Ça n’a pas été facile
puisque c’est une dame toujours occupée qui fait souvent des tournées a l’étranger.
J’ai pris beaucoup de temps pour réaliser ce film à cause de cette indisponibilité.
J’ai failli me décourager a mi-chemin mais avec persévérance, je suis parvenu à
un produit final potable.
A.A :Vous venez de remporter le
prix du meilleur film documentaire lors de la 2eme édition du Festival Africain
des Films Emergents. Quelles sont vos impressions ?
H.B :Quand j’ai appris que mon
film a remporté le prix du meilleur documentaire, j’ai été abasourdi. Je ne m’y
attendais pas du tout; j’ai vu les autres films en compétition, et c’est
bizarre l’effet que ça fait quand vous qualifiez quelqu’un de <<bon réalisateur>>
et qu’il vous retourne l’ascenseur. Si mon film n’était pas à la hauteur, je
pense que le jury ne l’aurait pas sélectionné. Je me croyais dans un rêve qui
n’était en fait qu’une réalité. J’en suis fier car cela n’a pas été facile pour
mon équipe et moi. Nous sommes contents parce qu’après nos efforts, nous avons
eu un résultat qui nous procure joie, succès et réussite.
A.A :Comment envisagez-vous le cinéma
africain du futur ?
H.B :Je pense que le cinéma
africain et surtout togolais est en train d’émerger. Je crois que le cinéma
africain a de l’avenir avec le Nigeria qui fait beaucoup de progrès. Au Togo,
l’émission CinéArt est une tribune qui valorise les jeunes talents et rassemble
de nombreux acteurs du secteur; ce qui est une bonne initiative.
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