Le cinéma africain est
en pleine révolution. Depuis les coups de pioche donnés par le sénégalais
Sembene Ousmane, les productions se sont succédé considérablement. Cette montée
fulgurante du 7eme art africain est plus remarquable chez les jeunes
réalisateurs. Talentueux et compétents, ils produisent de belles œuvres qui
sont malheureusement inconnus du public pour diverses raisons. C’est dans le
souci d’offrir une visibilité à ces derniers que l’initiative d’un Festival des
Films Africains Emergents a été prise. La 2eme édition s’est déroulée à Lomé du
15 au 18 décembre dernier. Projections de films, ateliers de formation et
masters classes ont meublé l’évènement. A la fin des activités, le directeur du
Festival M. Joël M’Maka TCHEDRE nous a livré ses impressions.
A.A :Comment s’est déroulée la
2eme édition du Festival des Films Africains Emergents ?
J.T :Elle s’est
très bien déroulée. Nous avons invité la population à participer à l’évènement et
elle a répondu massivement aussi bien lors des projections de films que lors
des séances de masters classes et d’ateliers. Je peux donc dire que le bilan de
cette édition est positif car on dit souvent que le public togolais est
difficile mais nous avons réussi a le faire sortir et a le rassembler autour
d’un évènement culturel.
A.A :Quel est le principal
objectif de ce Festival ?
J.T :L’objectif est de mettre en lumière
les films de jeunes cinéastes africains qui produisent de belles œuvres mais
manquent d’occasion pour les valoriser. Nombreux sont ces jeunes dont les
films restent dans les tiroirs puisqu’ils n’ont pas pu passer dans les
festivals ou être diffusés sur des chaines de télévision ou même projetés en salle
de cinéma. Notre but est de créer un canal à travers lequel on invitera des
gens de l’extérieur et les populations afin qu’ils découvrent ces œuvres. Dans
le cadre de ce Festival, plusieurs nationalités ont été conviées. Puisque les
gens viennent d’autres pays pour voir les films togolais, les Togolais en
profitent non seulement pour voir les films venus d’ailleurs mais aussi pour être
connus et reconnus.
A.A :<<Le son, un parent
pauvre du cinéma africain>>. Quels débats voulez-vous susciter avec ce thème ?
J.T :La réflexion est la
suivante: aujourd’hui, il y a beaucoup d’avancées liées au domaine du cinéma en matière
d’images, de scénarios, de direction d’acteurs et de montage. Mais le son reste
un domaine qui nécessite de la perfection. Sur une dizaine de films togolais,
il y a a peine un dans lequel le son est réussi. C’est le combat que nous avons
voulu mener en initiant ces journées d’ateliers en perfectionnement en prise de
son; ceci permettra d’avoir dans quelques années de vrais ingénieurs de son.
A.A :Quelles difficultés
avez-vous rencontré au cours de ce festival ?
J.T :Nous n’avons pas eu beaucoup
de difficultés. Les quelques-unes restent liées à l’organisation. Puisque c’est
un jeune festival, nous avons parfois prévu des choses qui ne fonctionnent pas
forcement. Nous avons rencontré les plus grandes difficultés avant le festival
surtout en matière de réunion de fonds et de soutiens. Nous avons souhaité
inviter des réalisateurs du Sénégal, du Cameroun mais faute de moyens, notre désir
n’est pas devenu une réalité. Beaucoup de personnes sollicitées n’ont pas répondu
favorable. C’est l’occasion pour moi de remercier et féliciter ceux qui ont accepté nous
accompagner.
A.A :Que prévoyez-vous pour les années
prochaines?
J.T :Le Togo est un pays
francophone et il s’est déjà ouvert sur les pays francophones. J’envisage que
les prochaines éditions soient plus orientées vers les pays anglophones comme
l’Afrique du Sud, l’Ouganda ou le Botswana. Ces pays ont une manière de faire
le cinéma et nous devons les inviter pour échanger nos cultures cinématographiques.
A.A :Quelle vision avez-vous du cinéma
africain de l’avenir?
J.T :Je ne peux pas me prononcer
sur le cinéma africain dans sa globalité puisque l’Afrique est complexe. De nos
jours, on parle plutôt de cinémas d’Afrique et je ne les maitrise pas tous
toutefois je vois un avenir radieux pour le cinéma togolais. Au cours de ce
festival, nous avons constitué un jury international compose de deux Togolais,
d’une Française et d’un Béninois. Sur les 3 prix décernés, 2 sont revenus au
Togo en toute crédibilité. Ceci est la parfaite illustration de l’émergence du cinéma
togolais.
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