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04 novembre 2015

Nouveau code pénal : un garde-fou salutaire ?



19 mai 2015 : un journaliste togolais fut « cueilli » en pleine rue à la suite d’un post facebook portant atteinte à l’honneur du Ministre de la sécurité et de la protection civile Yark Damehane et à celle de sa fille résidant à Bordeaux en France. Ainsi, le directeur de publication du mensuel « la Nouvelle », M. Bonéro Lawson-Bêtum fut inculpé et gardé à la prison civile de Lomé près de trois (3) mois environ. Qu’a-t-il écrit exactement? Le saura t-on ? Cinq mois plus tard, le 22 Octobre, les journalistes Zeus Aziadouvo et Alfa Albi furent convoqués chez le doyen de juges après avoir publié dans les colonnes de leurs journaux des informations  faisant état du versement d’une rétro-commission à hauteur de 10 milliards aux ministres Adji Oteh Ayassor et Ninsao Gnofam dans le cadre des chantiers BTP en cours dans le pays… Deux affaires qui mettent en cause des journalistes togolais alors même que se prépare les 44èmes assises de la presse francophone à Lomé du 25 au 29 Novembre prochain. Quel message ? Simple coïncidence ?



            Le métier de journaliste est un métier noble qui mérite tout le respect du peuple aussi bien que des dirigeants. Le journaliste avec sa plume, son micro ou encore sa caméra brave tous les dangers pour recueillir les informations et « faire tout un travail » pour les rendre « consommables » au public. Il constitue le canal, le lien permanent entre « le monde extérieur » et le citoyen. Un métier doté d’un code de déontologie et d’éthique veillant à la protection des journalistes et au respect des lois juridiques. Mais, paradoxalement, il ne se passe pas de semaine, de mois, d’année sans que des informations à propos d’ « atteintes » à la liberté de la presse ne défraie la chronique. Journalistes arrêtés, poursuivis ou jetés en prison, journaux suspendus, stations radios fermées, émissions télévisées censurées… autant de « malheurs » qui, nécessitent de garder la tête froide et de prendre un peu de recul. Non pas pour dénoncer ces faits mais pour penser autrement la situation. Qu’est-ce qui est à l’origine de la mise en cause de tant de journalistes ? Pourquoi CE MÉTIER est-il bafoué ? Pourquoi les actes de protestations des journalistes se heurtent à un mutisme ou sont violemment réprimés ? Tellement de « pourquoi » !!! Une sorte de remise en question individuelle au niveau de chaque journaliste. Aujourd’hui, c’est l’autre mais demain l’épée de Damoclès peut planer sur ta tête. Du moment que les causes ne sont pas connues et de nouvelles dispositions prises, le problème demeurera toujours.

              Depuis deux ou trois décennies, la liberté de la presse a fait un long chemin. Un chemin jalonné de contre-tendances certes mais des efforts sont également à noter. Le Togo s’est même doté de l’un des dispositifs les plus libéraux de la sous-région. Cependant, nous journalistes, nous éditeurs de médias, prenons garde à ne pas confondre « liberté de la presse » et calomnie. Le mensonge délibéré imprimé pour servir une cause, pour vendre son papier ou pour salir l’image de quelque ou quelque autre personnalité n’a rien à voir avec la liberté des médias. Pour autant, cela doit faire l’objet de poursuites dans le cadre judiciaire dans le respect des codes propres au métier et non d’une décision arbitraire d’interdiction, d’édition ou d’emprisonnement quelconque. Il est bien clair qu’un journaliste imprégné du code de déontologie des médias ne peut dans ses écrits porter atteinte à la vie privée de qui que ce soit quelque soit son statut ; parce qu’avant d’être une personnalité publique il est surtout et avant tout un citoyen. Blessé dans sa dignité et son amour-propre, ce citoyen ne peut se taire. Normalement, l’arsenal juridique est suffisant pour protéger un journaliste même dans le cas d’abus. Mais la justice togolaise, inspire t-il confiance ? D’autre part, une vraie démocratie est suffisamment forte pour résister à quelques abus de langage et à des mensonges passagers. Cependant, cela ne justifie pas certains actes ou écrits « déplacés » et ne donne pas non plus raison aux prédateurs de la liberté.
            De même, aucun bon journaliste ne doit « bâtir » ses écrits sur des « on-dit ». Le traitement des informations suppose aussi des enquêtes pour trouver des preuves pour appuyer ses informations. Non seulement, cela donne du tonus, de la crédibilité et du poids à l’information publiée mais aussi constitue le « bouclier » du journaliste s’il advenait qu’il soit inculpé. C’est pourquoi le volet de la formation doit être sérieusement examiné, car, « ne peut être journaliste qui veut ». Il ne suffit pas de savoir bien écrire, d'avoir une belle voix ou de savoir tenir la caméra. Non ! Le métier de journaliste est plus que ça. Le champ du métier ne doit pas être réduit à ces idéals élémentaires. Ce métier mérite respect et honneur. 
Toutefois, on assiste à tout le contraire aujourd’hui. Les journalistes sont giflés n’importe comment, bousculés, battus, agressés et JAMAIS endommagés. Ils sont tournés en dérision. On leur empêche d’avoir accès à tel ou tel autre endroit, « mutilant » ainsi le métier. On leur donne des frais de couverture médiatique dérisoires… tellement d’humiliations qu’ils subissent sans broncher tels des martyrs ! Trop de sacrifices ! Il est temps que le journaliste se remette en question, « se regarde dans son propre miroir » et prenne des mesures adéquates pour se faire respecter. Parce que avant tout, « le respect ne se réclame pas, il se mérite ».

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