19
mai 2015 : un journaliste togolais fut « cueilli » en pleine rue
à la suite d’un post facebook portant atteinte à l’honneur du Ministre de la
sécurité et de la protection civile Yark Damehane et à celle de sa fille
résidant à Bordeaux en France. Ainsi, le directeur de publication du mensuel
« la Nouvelle », M. Bonéro Lawson-Bêtum fut inculpé et gardé à la
prison civile de Lomé près de trois (3) mois environ. Qu’a-t-il écrit
exactement? Le saura t-on ? Cinq mois plus tard, le 22 Octobre, les
journalistes Zeus Aziadouvo et Alfa Albi furent convoqués chez le doyen de
juges après avoir publié dans les colonnes de leurs journaux des informations
faisant état du versement d’une rétro-commission à hauteur de 10
milliards aux ministres Adji Oteh Ayassor et Ninsao Gnofam dans le cadre des
chantiers BTP en cours dans le pays… Deux affaires qui mettent en cause des
journalistes togolais alors même que se prépare les 44èmes assises de
la presse francophone à Lomé du 25 au 29 Novembre prochain. Quel message ?
Simple coïncidence ?
Le métier de journaliste est un métier noble qui mérite
tout le respect du peuple aussi bien que des dirigeants. Le journaliste avec sa
plume, son micro ou encore sa caméra brave tous les dangers pour recueillir les
informations et « faire tout un travail » pour les rendre
« consommables » au public. Il constitue le canal, le lien permanent
entre « le monde extérieur » et le citoyen. Un métier doté d’un code
de déontologie et d’éthique veillant à la protection des journalistes et au
respect des lois juridiques. Mais, paradoxalement, il ne se passe pas de
semaine, de mois, d’année sans que des informations à propos
d’ « atteintes » à la liberté de la presse ne défraie la
chronique. Journalistes arrêtés, poursuivis ou jetés en prison, journaux
suspendus, stations radios fermées, émissions télévisées censurées… autant de
« malheurs » qui, nécessitent de garder la tête froide et de prendre
un peu de recul. Non pas pour dénoncer ces faits mais pour penser autrement la
situation. Qu’est-ce qui est à l’origine de la mise en cause de tant de
journalistes ? Pourquoi CE MÉTIER est-il bafoué ? Pourquoi les actes de
protestations des journalistes se heurtent à un mutisme ou sont violemment
réprimés ? Tellement de « pourquoi » !!! Une sorte de remise
en question individuelle au niveau de chaque journaliste. Aujourd’hui, c’est
l’autre mais demain l’épée de Damoclès peut planer sur ta tête. Du moment que
les causes ne sont pas connues et de nouvelles dispositions prises, le problème
demeurera toujours.
Depuis
deux ou trois décennies, la liberté de la presse a fait un long chemin. Un
chemin jalonné de contre-tendances certes mais des efforts sont également à
noter. Le Togo s’est même doté de l’un des dispositifs les plus libéraux de
la sous-région. Cependant, nous journalistes, nous éditeurs de médias, prenons
garde à ne pas confondre « liberté de la presse » et calomnie. Le
mensonge délibéré imprimé pour servir une cause, pour vendre son papier ou pour salir
l’image de quelque ou quelque autre personnalité n’a rien à voir avec la
liberté des médias. Pour autant, cela doit faire l’objet de poursuites dans le
cadre judiciaire dans le respect des codes propres au métier et non d’une
décision arbitraire d’interdiction, d’édition ou d’emprisonnement quelconque. Il
est bien clair qu’un journaliste imprégné du code de déontologie des médias ne
peut dans ses écrits porter atteinte à la vie privée de qui que ce soit quelque
soit son statut ; parce qu’avant d’être une personnalité publique il est
surtout et avant tout un citoyen. Blessé dans sa dignité et son amour-propre, ce citoyen
ne peut se taire. Normalement, l’arsenal juridique est suffisant pour protéger
un journaliste même dans le cas d’abus. Mais la justice togolaise, inspire t-il
confiance ? D’autre part, une vraie démocratie est suffisamment forte pour
résister à quelques abus de langage et à des mensonges passagers. Cependant,
cela ne justifie pas certains actes ou écrits « déplacés » et ne
donne pas non plus raison aux prédateurs de la liberté.
De même, aucun bon journaliste ne
doit « bâtir » ses écrits sur des « on-dit ». Le traitement
des informations suppose aussi des enquêtes pour trouver des preuves pour appuyer ses informations. Non seulement, cela donne du tonus, de la
crédibilité et du poids à l’information publiée mais aussi constitue le
« bouclier » du journaliste s’il advenait qu’il soit inculpé. C’est pourquoi
le volet de la formation doit être sérieusement examiné, car, « ne peut être journaliste qui veut ». Il ne suffit pas de savoir bien écrire,
d'avoir une belle voix ou de savoir tenir la caméra. Non ! Le métier de
journaliste est plus que ça. Le champ du métier ne doit pas être réduit à ces
idéals élémentaires. Ce métier mérite respect et honneur.
Toutefois, on assiste à tout le contraire
aujourd’hui. Les journalistes sont giflés n’importe comment, bousculés, battus,
agressés et JAMAIS endommagés. Ils sont tournés en dérision. On leur empêche
d’avoir accès à tel ou tel autre endroit, « mutilant » ainsi le
métier. On leur donne des frais de couverture médiatique dérisoires… tellement
d’humiliations qu’ils subissent sans broncher tels des martyrs ! Trop de
sacrifices ! Il est temps que le journaliste se remette en question,
« se regarde dans son propre miroir » et prenne des mesures adéquates
pour se faire respecter. Parce que avant tout, « le respect ne se réclame pas, il se mérite ».
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