L’éducation
et la santé demeurent de loin les secteurs les plus polémiques qui constituent
un frein au développement intégral de notre pays. Dans cet article, nous aborderons
le volet éducatif. Si, étymologiquement, le concept ‘’éducation’’ signifie l’action
de « guider hors de », c’est donc à juste titre que l’on peut penser
qu’il renvoie aux notions de développement ou d’avancement.
En effet, l’éducation doit permettre de quitter un degré de connaissance inférieur pour accéder à un degré supérieur. Cependant, si nous portons un regard critique sur le système éducatif du Togo, plusieurs questions éveilleront notre sensibilité : l’éducation est-elle accessible à tous ? Pourquoi le niveau d’excellence des élèves togolais subit une baisse graduelle ? L’école est-elle responsable du chômage ? Quels moyens l’Etat met-il au service de l’éducation ? Quel doit être la contribution de chaque citoyen à l’amélioration de cette situation ?
En effet, l’éducation doit permettre de quitter un degré de connaissance inférieur pour accéder à un degré supérieur. Cependant, si nous portons un regard critique sur le système éducatif du Togo, plusieurs questions éveilleront notre sensibilité : l’éducation est-elle accessible à tous ? Pourquoi le niveau d’excellence des élèves togolais subit une baisse graduelle ? L’école est-elle responsable du chômage ? Quels moyens l’Etat met-il au service de l’éducation ? Quel doit être la contribution de chaque citoyen à l’amélioration de cette situation ?
C’est
pour y apporter des réponses que, ce samedi 07 novembre dans la salle orchidée
(Agora Senghor), étudiants, enseignants-chercheurs, formateurs et plusieurs
techniciens de l’éducation se sont retrouvés autour du thème : « Le
système éducatif togolais, une réelle chance pour la jeunesse ? »
pour penser autrement la gestion de ce secteur clé de développement. Les
conférenciers étaient : Mme Maryse QUASHIE (Spécialiste des Sciences de l'Education), Prof Michel GOEH-AKUE (Spécialiste d'Histoire Economique) et M. Koffi LANTOMEY (Inspecteur de l'Education Nationale, Directeur des Enseignemnts préscolaires et primaire).
L’éducation, est-elle vraiment à la portée de tous ?
L’éducation
est un droit fondamental pour tout individu. Cependant, le schéma que présente
le Togo en matière d’alphabétisation et de développement de la personnalité
n’est pas enviable. En effet, les résultats statistiques montrent qu’en 2003,
sur 100 enfants en âge d’aller à l’école seulement 54,5% y ont pu
accéder ; et dans ce lot, les filles sont minoritaires. Rappelons
toutefois qu’en 2008, fut appliquée pour la première fois la mesure de gratuité
de l’école publique au préscolaire et au primaire. Or, la capacité d’accueil
des écoles publiques n’est pas à la hauteur de la demande élevée qui a suivi
cette action. Les résultats immédiats furent : l’insuffisance des
infrastructures et des matériels pédagogiques, les effectifs pléthoriques, le
manque de compétence des enseignants qui en plus ne sont pas bien outillés. Pourtant,
plus les enfants sont jeunes, plus ils ont besoin d’encadrement. Alors, la
gratuité de l’enseignement primaire publique a-t-elle apporté un changement? Il
faut souligner que le Togo n’était pas tout à fait prêt pour gérer des
conséquences de cette décision. Ce ne fut à la fin qu’une mesure éducative à
caractère politique. Il urge de penser autrement les moyens à mettre en place
pour un accès équitable et réelle de tout togolais à l’éducation. Elle contribue au développement des facultés
physiques, psychiques et intellectuelles. Elle permet de lutter contre
l’obscurantisme, l’ignorance et d’autres maux qui minent la société actuelle. L’éducation
permet de comprendre certaines réalités sociales et politiques et d’agir
efficacement.
Enseignement : gratuité rime t-elle avec qualité ?
Les
études montrent également que le niveau de français et de mathématiques au
cours primaire au Togo est relativement bas comparé à celui du Burundi, du Gabon,
de la République Démocratique du Congo et du Sénégal. En effet, l’élève
togolais éprouve des difficultés à assimiler correctement le français. Devant
cette situation, Prof NUBUKPO, Doyen Honoraire de la Faculté des Lettres et Sciences Humaines à l'Université de Lomé, dans son intervention pendant les échanges, a mis
un accent particulier sur la base linguistique des enfants : « Promouvoir les langues locales, c’est le
soubassement. Cela permet à l’élève de bien assimiler une seconde langue, le
français ou l’anglais. Il a la possibilité de réfléchir dans sa langue, de bien
la parler et se mettre dans les dispositions d’acquérir une autre »,
a-t-il souligné. En outre, le budget alloué par l’État à l’éducation baisse
progressivement chaque année. En moyenne, L’État investit seulement 8,9%
pendant que 32,6% de l’aide à l’éducation provient des partenaires techniques
et financiers. Cependant, la qualité de l’enseignement dépend de la volonté
réelle de l’État de s’impliquer dans l’éducation. Cette situation soulève une
autre question : Comment les fonds d’aide à l’éducation sont-ils
gérés ? Quel doit être la contribution des parents d’élèves dans
l’amélioration de la situation actuelle du système éducatif ?
Les
trois acteurs clés de l’éducation à savoir: les enseignants, les parents
et l’État doivent non seulement assumer leurs devoirs de façon superficielle
mais aussi et surtout s’intéresser aux résultats que produit le système
éducatif. L’enseignement est d’abord et avant tout une question de vocation. On
atterrit par dans ce métier par hasard, par contrainte ou faute de mieux. Dans
ces cas-là, les rendements en pâtissent au grand dam des élèves qui, obtiennent
des diplômes à la fin de leur formation mais sont dépourvus du
« savoir ». A la question de savoir s’il existe un corps enseignant
au Togo, le prof Michel GOEH-AKUE a dénoncé « l’esprit » de ce corps qui n’incarne pas l’unité. Incompréhensions,
querelles intestines, divisions : voilà les mots qui caractérisent ce
corps enseignant. Cependant, il est important de rappeler le rôle formateur des
syndicats. L’action syndicale vise à rechercher pour les enseignants une compétence
pédagogique élevée, le respect de la déontologie du métier, la bonne pratique
du métier en plus d’une connaissance générale.
Les
parents, de leur côté, doivent rechercher l’excellence pour leurs enfants. Le
critère de choix des écoles ne doit pas se reposer uniquement sur le taux élevé
de réussite mais plutôt sur la qualité de l’enseignement. Au niveau de l’État, il
doit y avoir une restructuration et une bonne régulation dans la gestion des
aides extérieures et du budget éducatif pour une meilleure prise en charge de
ce secteur.
Éducation et responsabilité
Après
l’obtention du Baccalauréat Deuxième Partie (BAC 2), tous doivent-ils entrer à
l’université ? Pas forcément ! L’effectif des étudiants dans les
universités du Togo est largement au-dessus de la moyenne. Cela est dû à
l’inexistence de filières de formation adéquates pour la prise en charge
effectif de certains jeunes afin de développer leurs capacités manuelles et
intellectuelles. Combien de spécialisations existent-ils dans le parcours
éducatif ? Le centre national d’orientation professionnelle, arrive t-il à
faire efficacement son travail ? A quoi est dû son échec ?
Il
est dommage que le système togolais soit une copie conforme du système éducatif
francophone qui est caractérisé par la passivité et la stagnation. C’est vrai
que c’est celui du colonisateur. Mais, comme le dit si bien le Prof
NUBUKPO : « On ne doit pas
l’adopter comme tel. Il est vrai que c’est un outil, un schéma imposé mais tout
dépend de l’usage qu’on en fait. Toutefois, il faut reconnaître que le système
éducatif togolais est un échec. Justement parce que les produits (les diplômés)
ne remplissent pas les conditions. Ils sortent avec des connaissances désuètes
dans un monde en constance évolution. D’ailleurs, que peut-on attendre d’un
système peu inventif et peu imaginatif ? C’est un système figé à l’inverse
du système anglo-saxon qui promeut le développement des capacités et de la
personnalité». Dans ce sens, peut-on tenir le système éducatif responsable
du taux élevé de chômage ?
En
effet, les dernières réformes éducatives datent de l’ordonnance n° 16 du 06 mai
1975. Il est temps de penser à les réviser en vue de les actualiser. Il faut
adopter une nouvelle politique éducationnelle pour l’adéquation
formation-emploi.
Pour
finir, il faut repenser autrement l’éducation au Togo, prendre conscience que
nous sommes les seuls décideurs, se laisser interpeller par les problèmes et
agir en conséquence. Ce furent les mots de fin de Mme
QUASHIE, la modératrice : « L’école est à
nous. Elle deviendra ce que nous en ferons, reprenons en main notre école.
Elle nous appartient ».
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