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10 novembre 2015

Médias togolais : A quand la professionnalisation ?




Conformément à l’article 16 du Code de Déontologie des Journalistes du Togo, cet article ne doit pas être considéré comme une invective ou un dénigrement mais plutôt un appel à l’action et à la professionnalisation de tous les acteurs du secteur médiatique togolais.
 
L’un des objectifs que poursuivaient le gouvernement et les organisations de presse en organisant les Etats Généraux de la Presse était de soustraire les medias des maux qui entravent leur épanouissement. Ainsi, à l’INFA de Tove l’année dernière, journalistes, patrons de presse et autorités se sont engagés à faire d’une presse de qualité une réalité au Togo. 

Cependant, force est de constater que plus de douze mois après, les conditions peinent à changer. Malgré la création d’une Commission devant veiller à la mise en œuvre des recommandations, le statu quo persiste. Radio, télévision, presse écrite ou électronique, aucune avancée n’est remarquée. Les medias audiovisuels en particulier les chaines de télévision sont toujours le lieu des programmes médiocres avec des émissions rébarbatives qui ne correspondent pas forcément aux préoccupations des populations.

Ces productions insipides abordant des thèmes creux sans réels enjeux se déroulent souvent dans des décors qui laissent à désirer. La qualité des images de même que les cadrages sont parfaits pour repousser les téléspectateurs. De peur de s’attirer la foudre des autorités, les informations sont filtrées et <<taillées sur mesure>> avec la presqu’inexistence des genres journalistiques comme l’enquête. 

Il en résulte un défaut de jugement du public fidèle qui est induit en erreur. Aussi, la moitié des Journaux est composée de compte-rendu de conférences de presse et d’ateliers de formations sans aucune importance. Face à la mauvaise santé pécuniaire, la publicité reste la seule solution avec des temps d’antennes considérables consacrés à la promotion de tradi-thérapeutes, spiritistes et pasteurs. Sur ce point, une confusion s’installe entre medias confessionnels et commerciaux.

 Hormis la musique qui a réussi durant ces dernières années à s’imposer en raison d’une production foisonnante, la plupart des éléments culturels diffusés viennent de l’étranger. Certes, le cinéma togolais peine toujours à prendre son envol, cependant rien n’empêche les stations de télévision d’encourager les cinéastes en diffusant leurs œuvres.

Sur un marché ou la concurrence, promotrice de l’excellence, devient de plus en plus rude, le média du XXIème siècle n’a plus le droit de se complaire dans la médiocrité. Les téléspectateurs ayant horreur de la monotonie ; les zappings sont donc fréquents. Dans la foulée, une prolifération des chaines cryptées étrangères se fait remarquer. Puisqu’une parabole et un décodeur suffisent pour entrer dans le monde féérique des belles images et du bon son, beaucoup s’y abonnent au détriment des chaines locales. Dans ces circonstances, la numérisation imminente ne serait pas la meilleure solution. 

Quant à la presse écrite, elle demeure à la solde des politiques érigeant sensationnel, diffamation, calomnie et accusations sans fondement en règles. S’activer pour redorer le blason terni de l’espace médiatique consistera pour la Commission chargée de la mise en application des recommandations à organiser fréquemment des formations et recyclages des journalistes et techniciens. Mieux outillés, ces deux types de professionnels pourront mieux conjuguer leurs efforts à l’avènement d’une presse de qualité.

 Autorités de régulation et tribunaux des pairs, loin de se contenter de jouer au garde-fou, doivent plus œuvrer dans le même sens.Le souci de professionnaliser la presse doit inciter le gouvernement à opter pour une augmentation considérable de l’aide accordée aux médias et l’imposition de quotas de productions nationales avec la mise en place d’un audimètre qui servira à sanctionner ou à inciter à l’amélioration des programmes.

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