Conformément à l’article
16 du Code de Déontologie des Journalistes du Togo, cet article ne doit pas
être considéré comme une invective ou un dénigrement mais plutôt un appel à
l’action et à la professionnalisation de tous les acteurs du secteur
médiatique togolais.
L’un des objectifs que poursuivaient
le gouvernement et les organisations de presse en organisant les Etats Généraux
de la Presse était de soustraire les medias des maux qui entravent leur
épanouissement. Ainsi, à l’INFA de Tove l’année dernière, journalistes, patrons
de presse et autorités se sont engagés à faire d’une presse de qualité une réalité
au Togo.
Cependant, force est de constater
que plus de douze mois après, les conditions peinent à changer. Malgré la création
d’une Commission devant veiller à la mise en œuvre des recommandations, le
statu quo persiste. Radio, télévision, presse écrite ou électronique, aucune avancée
n’est remarquée. Les medias audiovisuels en particulier les chaines de télévision
sont toujours le lieu des programmes médiocres avec des émissions rébarbatives qui
ne correspondent pas forcément aux préoccupations des populations.
Ces productions insipides
abordant des thèmes creux sans réels enjeux se déroulent souvent dans des décors
qui laissent à désirer. La qualité des images de même que les cadrages sont
parfaits pour repousser les téléspectateurs. De peur de s’attirer la foudre des
autorités, les informations sont filtrées et <<taillées sur
mesure>> avec la presqu’inexistence des genres journalistiques comme l’enquête.
Il en résulte un défaut de
jugement du public fidèle qui est induit en erreur. Aussi, la moitié des
Journaux est composée de compte-rendu de conférences de presse et d’ateliers de
formations sans aucune importance. Face à la mauvaise santé pécuniaire, la publicité
reste la seule solution avec des temps d’antennes considérables consacrés à la
promotion de tradi-thérapeutes, spiritistes et pasteurs. Sur ce point, une
confusion s’installe entre medias confessionnels et commerciaux.
Hormis la musique qui a réussi durant ces
dernières années à s’imposer en raison d’une production foisonnante, la plupart
des éléments culturels diffusés viennent de l’étranger. Certes, le cinéma
togolais peine toujours à prendre son envol, cependant rien n’empêche les stations
de télévision d’encourager les cinéastes en diffusant leurs œuvres.
Sur un marché ou la concurrence,
promotrice de l’excellence, devient de plus en plus rude, le média du XXIème
siècle n’a plus le droit de se complaire dans la médiocrité. Les téléspectateurs
ayant horreur de la monotonie ; les zappings sont donc fréquents. Dans la
foulée, une prolifération des chaines cryptées étrangères se fait remarquer.
Puisqu’une parabole et un décodeur suffisent pour entrer dans le monde féérique
des belles images et du bon son, beaucoup s’y abonnent au détriment des chaines
locales. Dans ces circonstances, la numérisation imminente ne serait pas la
meilleure solution.
Quant à la presse écrite, elle
demeure à la solde des politiques érigeant sensationnel, diffamation, calomnie
et accusations sans fondement en règles. S’activer pour redorer le blason terni
de l’espace médiatique consistera pour la Commission chargée de la mise en application
des recommandations à organiser fréquemment des formations et recyclages des
journalistes et techniciens. Mieux outillés, ces deux types de professionnels
pourront mieux conjuguer leurs efforts à l’avènement d’une presse de qualité.
Autorités de régulation et tribunaux des
pairs, loin de se contenter de jouer au garde-fou, doivent plus œuvrer dans le
même sens.Le souci de professionnaliser la presse doit inciter le gouvernement
à opter pour une augmentation considérable de l’aide accordée aux médias et l’imposition
de quotas de productions nationales avec la mise en place d’un audimètre qui
servira à sanctionner ou à inciter à l’amélioration des programmes.
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