Le phénomène des coups d’états en
Afrique ne date pas d’aujourd’hui. C’est une situation qui va avec son
histoire. Nombre de raisons l’expliquent mais la plupart du temps, le coup
d’état est le résultat d’une ambition personnel qui fait fi de l’intérêt de tout
un pays, d’un règlement de comptes ou d’autres motivations qui ne disent pas
leur nom. A défaut de coup d’état, c’est le peuple lui-même qui est parfois
tenté de se faire justice à travers des insurrections populaires. Cependant,
celui-ci comprend très vite que les coups de feu peuvent couvrir ses cris de
protestation. Comment les États africains comprennent-ils le terme « démocratie
» ? Restera t-elle pour longtemps un mythe ?
Depuis une semaine, le Burkina
Faso est au cœur de l’actualité. Le feu des projecteurs est braqué sur lui.
C’est encore un putsch, une histoire de coup d’état qui ébranle la relative
paix de ce pays qualifié de celui « des hommes intègres ». Depuis la chute de
Blaise Compaoré en octobre 2014, près de un an après, les vieux démons font
irruption. Le gouvernement de transition mis en place a suscité des « petites »
colères qui, à force de s’accumuler, ont dégénéré en ce que nous connaissons
maintenant. Cet évènement n’est autre qu’une entrée en scène pour faire savoir
qu’aucune décision impliquant les ex-partisans de Compaoré ne peut se prendre
sans eux. Le général putschiste Gilbert Diendéré a fait une brève apparition
devant les caméras et est ainsi rentré officiellement dans l’histoire du
Burkina Faso ; lui, qui jusqu’alors s’est toujours fait discret. Pour ne
serait-ce que quelques jours, il a posé ses fesses dans ce fauteuil tant
convoité. Ce n’est pas rien… Le gouvernement de transition a eu de grosses
sueurs chaudes en se rendant compte (trop tard) que les forces du Régiment
Sécurité Présidentielle sont plus sur l’offensive que sur la défensive. Pour
cela, il leur a fallu faire un tour chez eux pour comprendre que les décisions
d’un État implique tous les maillons et aucun ne doit être négligé, ni
sous-estimé.
Pour l’heure, le calme est
revenu. Un accord est signé. Les membres du gouvernement de transition ont
repris leurs fonctions. Gilbert Diendéré exprime ses « regrets ». Mais, cela,
suffit-il pour effacer les conséquences de ce putsch ? D’une part, est-ce que
condamner le RSP serait la solution ? D’autre part, laisser cet acte impuni, ne
serait-ce pas donner un mauvais exemple ? Un autre point non moins délicat
reste les revendications des putschistes : leur réintégration ou non, leur
désarmement ou leur dissolution, l’inclusion ou non des hommes politiques
pro-Blaise Compaoré dans les prochaines élections, et bien évidemment le
calendrier des scrutins prochains. Autant d’interrogations auxquelles il faudra
apporter des réponses objectives et efficaces, de peur que la situation ne
dégénère et ne devienne incontrôlable. De fait, à voir l’évolution de la
situation, beaucoup reste à craindre. Cependant, le peuple burkinabè se doit de
prendre en main son destin et rechercher avant toute chose la paix et la stabilité
nationale.
En ce qui concerne les loyalistes
et les forces du RSP, ils se guettent du coin de l’œil. Chacun a peur de
l’autre, chacun veut sauver sa peau. Mais ce n’est pas toujours évident, vu les
évènements de ces derniers jours. Pour l’heure, les forces du RSP se sont
retirées mais, « pour combien de temps ? », se demanderait-on. A côté de tout
cela, jetons un coup d’œil à l’endroit des chefs d’États des pays voisins du «
pays des hommes intègres ». Ce qui arrive à ce pays n’est pas l’effet d’un hasard
et ne doit pas les laisser indifférent. Pendant qu’ils courent résoudre les
problèmes des autres, ils devront avoir une pensée pour les leurs. Les exemples
ne sont pas à aller chercher loin. L’histoire a la caractéristique principale
de « toujours rattraper ».
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