Peu à peu, les discussions animées laissent la place aux sons du clavier et aux bips des messages Whatsapp. Le téléphone étant devenu l’élément central dans les relations interpersonnelles, que devient aujourd’hui la communication sociale ? Je veux parler de la communication sociale telle qu’on la concevait quelques années auparavant ; celle qui implique le contact direct entre les gens, la chaleur et la joie de la rencontre, l’empressement pour la visite. Ces petits gestes qui, jadis, avaient un certain sens dans la culture africaine ont perdu de leur authenticité et de leur valeur. La parole, conserve t-elle toujours son pouvoir devant l’envahissant problème des réseaux sociaux ? De nos jours, des choses qui normalement doivent se dire en tête à tête peuvent facilement passer par le téléphone. Pour nous, rien de plus normal.
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I-phones, smartphones, HTC: nouveaux outils de connexion |
Pourtant, les réseaux sociaux
sont à l’origine de beaucoup de ruptures dans les couples, beaucoup de conflits
dans les familles, des incompréhensions entre amis. N’est ce pas donner trop de
poids et d’importance à ce moyen de communication et à tout ce qu’il implique ?
On se dit tellement de choses par ce canal, si bien qu’un seul jour sans
connexion nous semble insupportable. Et, c’est comme si le monde s’arrêtait
autour de nous, tellement les réseaux sociaux sont devenus indispensables dans
nos vies de chaque jour. Grâce aux réseaux sociaux qui se multiplient de jour
en jour, les opinions et les informations atterrissent sur une plateforme où il
est permis de tout dire sans contrainte et sans protocole. Carrefour
d’échanges, d’éducation et de formation, lieu de rencontres et de brassage des
cultures, chacun a sa place dans cet univers virtuel et a le droit de placer
son mot. Jusqu’au point où nous ne nous rendons même pas compte combien nos
vies sont centrées sur nos téléphones.
Même dans nos cercles familiaux
et entre amis, s’il y a discussion ; cela ne gravite qu’autour de ce qui se
passe sur la toile : les informations d’actualité, les caricatures les unes
plus insolites que les autres qui circulent et qui se partagent, les « posts »
qui disent tout de la personne qui les publie … Au-delà d’un simple loisir, les
réseaux sociaux sont devenus plus qu’une habitude, presqu’une nécessité pour
certains comme Cécile qui raconte : « C’est le soir quand j’arrive à la maison
que je me rends compte que j’ai passé la plus grande partie de ma journée avec
mon I-Phone. Tellement, j’ai été scotchée. Je ne voulais vraiment rien rater».
Les bavardages en famille le soir meurent peu à peu puisque, après le repas,
chacun se retire dans sa chambre pour consulter ses messages. Quelques fois
même, ayant passé sa journée collé à son téléphone, on a pratiquement rien
d’intéressant à partager. Du coup, une partie de l’éducation de base passe par
les réseaux sociaux sur lesquels des groupes se forment pour discuter des
sujets les plus embarrassants aux plus scandaleux. La communication en famille
devient difficile, une distance s’installe entre les parents et les enfants.
C’est sans surprise que des questions qu’on ne peut soumettre aux parents
atterrissent sur ces espaces où les réponses bonnes et mauvaises affluent de
toutes parts et on se retrouve vite dans l’embarras de choix. Avec la facilité
d’accès à ces interfaces d’interaction, ils sont privilégiés au détriment des
cercles familiaux ou amicaux où il n’est pas permis de tout dire et où on ne
peut agir dans l’anonymat.
Au-delà de l’impact sur les
relations interpersonnelles, les réseaux sociaux étendent leurs influences dans
le cadre politique. Ils représentent le canal qui véhicule toutes les opinions
et les critiques politiques. Ils sont « la voix des sans voix » dans des pays
où la liberté d’expression n’a pas sa place. Puisque les médias locaux – radio,
télévision, presse – sont contrôlés, les esprits en quête de liberté trouvent
bien dans les réseaux sociaux les moyens de prendre la parole sans contrainte.
N’oublions pas l’exemple des printemps arabes où la plupart des mots d’ordre
sont véhiculés par les réseaux sociaux. Ainsi, la jeunesse africaine surtout,
devant les nombreux problèmes qui font sa particularité, n’a trouvé autre moyen
d’évasion qu’Internet et les réseaux sociaux. Et d’ailleurs, elle s’y plait
bien.
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