Établi depuis décembre 1945, le
franc CFA est demeuré depuis longtemps la monnaie d’une quinzaine de pays
africains. Toutefois, pendant bientôt 70 ans, cette devise a été au centre de
nombreux débats houleux. Alors que la plupart pense qu’elle constitue l’une des
sources des maux économiques de ces pays, d’autres estiment que le fait qu’elle
soit garantie par le Trésor Français assure sa stabilité et fait d’elle un
atout commercial. Et il faut être un homme d’audace et déterminé comme Kako
Nubukpo pour remettre le sujet à l’ordre du jour dans une Afrique francophone
dont les préoccupations sont diverses. Certes, la question jadis
<<taboue>> a pourtant été soulevée par le président Eyadema Gnassingbé
lors de la visite de Georges Pompidou en novembre 1972 et récemment par le
tchadien Idriss Deby. Mais l’ancien Ministre pense que ces discours n’ont provoqué
que de simples évolutions institutionnelles.
Invité le samedi 5 septembre
dernier de Jean Pierre Boris dans l’émission<<Eco d’ici, Eco
d’ailleurs>> sur RFI, l’économiste ne s’est pas fait prier pour dire tout
le mal qu’il pense du franc CFA. Cette monnaie qu’il qualifie de
<<servitude volontaire>> serait un frein au développement économique
des pays de la zone franc. Avec moins de 15%, le franc CFA occupe une faible
part dans le commerce interrégional ; ce qui influence négativement la compétitivité
desdits pays. Etant une monnaie forte utilisée dans des pays a économie faible,
le franc CFA exige de nombreuses subventions sur les importations ainsi que des
taxes onéreuses sur les exportations. Dans ces conditions, on note un penchant
des populations pour l’ importation au détriment de la production. Puisque les
initiatives nationales ne bénéficient pas de soutiens suffisants, les produits
locaux qui en découlent reviennent très cher aux consommateurs.
Ils sont ainsi poussés à importer
essentiellement des produits chinois
qu’ils estiment a un prix abordable. Les pays de la zone franc CFA pratiquent
une <<économie de troc>> parce que le réel échange n’existe pas
entre eux. Ils se réfugient derrière l’euro et la politique monétaire des pays développés
qui prônent l’ambition de croissance économique
comme signe de <<bonne santé financière>> qui rassure les
investisseurs. Cette croissance qui ne joue pas pleinement son rôle car ne créant
pas assez d’emplois est, selon Kako Nubukpo, le résultat des cours favorables
des matières premières et du commerce international.
Au Togo, par exemple, les 3
dernières années ont vu la production du coton augmenter de 40% malgré le déficit
du financement public. Aussi, ce qui explique les difficultés de ces pays
durant les périodes de chocs conjoncturels est le fait que le franc CFA soit
une monnaie des classes aisées utilisée dans des pays dont 75% des populations
sont rurales. Comme solutions, l’économiste propose une réflexion approfondie
au sein de la zone franc sur le financement et la valorisation de la monnaie et
la mise en place d’un régime d’échange plus flexible. La question devait également être démocratisée
et insérée au cœur des politiques publiques pour s’affranchir de cette <<captivité
volontaire>>.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Du nouveau: téléchargez désormais nos articles en PDF