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16 septembre 2015

Le franc CFA, la source de nos maux ?



Établi depuis décembre 1945, le franc CFA est demeuré depuis longtemps la monnaie d’une quinzaine de pays africains. Toutefois, pendant bientôt 70 ans, cette devise a été au centre de nombreux débats houleux. Alors que la plupart pense qu’elle constitue l’une des sources des maux économiques de ces pays, d’autres estiment que le fait qu’elle soit garantie par le Trésor Français assure sa stabilité et fait d’elle un atout commercial. Et il faut être un homme d’audace et déterminé comme Kako Nubukpo pour remettre le sujet à l’ordre du jour dans une Afrique francophone dont les préoccupations sont diverses. Certes, la question jadis <<taboue>> a pourtant été soulevée par le président Eyadema Gnassingbé lors de la visite de Georges Pompidou en novembre 1972 et récemment par le tchadien Idriss Deby. Mais l’ancien Ministre pense que ces discours n’ont provoqué que de simples évolutions institutionnelles.


Invité le samedi 5 septembre dernier de Jean Pierre Boris dans l’émission<<Eco d’ici, Eco d’ailleurs>> sur RFI, l’économiste ne s’est pas fait prier pour dire tout le mal qu’il pense du franc CFA. Cette monnaie qu’il qualifie de <<servitude volontaire>> serait un frein au développement économique des pays de la zone franc. Avec moins de 15%, le franc CFA occupe une faible part dans le commerce interrégional ; ce qui influence négativement la compétitivité desdits pays. Etant une monnaie forte utilisée dans des pays a économie faible, le franc CFA exige de nombreuses subventions sur les importations ainsi que des taxes onéreuses sur les exportations. Dans ces conditions, on note un penchant des populations pour l’ importation au détriment de la production. Puisque les initiatives nationales ne bénéficient pas de soutiens suffisants, les produits locaux qui en découlent reviennent très cher aux consommateurs.

 Ils sont ainsi poussés à importer essentiellement  des produits chinois qu’ils estiment a un prix abordable. Les pays de la zone franc CFA pratiquent une <<économie de troc>> parce que le réel échange n’existe pas entre eux. Ils se réfugient derrière l’euro et la politique monétaire des pays développés qui prônent l’ambition de croissance économique  comme signe de <<bonne santé financière>> qui rassure les investisseurs. Cette croissance qui ne joue pas pleinement son rôle car ne créant pas assez d’emplois est, selon Kako Nubukpo, le résultat des cours favorables des matières premières et du commerce international.

Au Togo, par exemple, les 3 dernières années ont vu la production du coton augmenter de 40% malgré le déficit du financement public. Aussi, ce qui explique les difficultés de ces pays durant les périodes de chocs conjoncturels est le fait que le franc CFA soit une monnaie des classes aisées utilisée dans des pays dont 75% des populations sont rurales. Comme solutions, l’économiste propose une réflexion approfondie au sein de la zone franc sur le financement et la valorisation de la monnaie et la mise en place d’un régime d’échange plus flexible. La question devait également être démocratisée et insérée au cœur des politiques publiques pour s’affranchir de cette <<captivité volontaire>>.

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