Un quart de siècle
et enfin 45 jours, c’est ce qu’il a fallu attendre pour un début effectif du procès
de l’ex-président tchadien.Inculpé de crimes contre l'humanité, crimes de
guerre et actes de torture , l’ancien homme fort de N’Djamena est de nouveau convoqué à la barre depuis lundi. Les accusations
remontent a une vingtaine d’années.
En effet, en juin 1982, soutenu
par la France et les États-Unis,Habré renverse Oueddei pour s’autoproclamer chef
de l’Etat. Il supprimera bientôt le poste de Premier ministre et n’hésitera pas
à faire exécuter plusieurs opposants à
son régime.Sa police politique, la tristement célèbre DDS(Direction de la
Documentation et de la Sécurité) sera responsable de dizaines de milliers de
kidnappings et d’homicides politiques. Renversé a son tour en 1990 par Idriss Deby, Habré réussità se réfugier
au Sénégal. Loin de vivre en paix et en toute quiétude, ses crimes ne tarderont
pas à le rattraper.
Deux ans plus tard ,plusieurs
fosses collectivesregorgeantde centaines de squelettes des détenus exécutés ont
été découvertes. Un mandat d'arrêt internationalest délivré par la Belgique en septembre
2005 et transmis aux autorités sénégalaises. Le mois suivant, il est arrêté
pendant quelques jours puis libéré.Sa descente aux enfers ne venait que de
commencer. En juillet 2006, l’Union Africainedésigne son pays d’accueil pour le
juger. Apres moult reports, une date est enfin fixée.
20 juillet 2015 : un lundi pas comme les
autres. C’est le jour tant attendu par de nombreuses victimes de son pouvoir et
tous les assoiffés de justice. Celui que la presse internationale surnomme
<<Le Pinochet africain>>comparait à Dakar devant les Chambres africaines extraordinaires.
Cependant, contre toute attente, le procès est suspendu. L’accusé , sans aucune
surprise,ne reconnait pas la compétence de la cour et ses avocats boycottent le
jugement. Les victimes doivent prendre leur mal en patience. Les avocats commis
d’office ont eu un mois et demi pour maitriser l’affaire.
O7 septembre : Et enfin un
nouveau lundi. Cette fois-ci, on assiste à de nouvelles scènes. Après s’être humilie devant les caméras du monde entier en se faisant emmener
de force, le dictateur opte pour un mutisme assourdissant ponctué à la fin d’un
bras levé en signe de victoire. Pour beaucoup d’observateurs, cette stratégie
ne serait pas de nature à obstruer le bon déroulement du procès dont la
justesse et l’équité sont garantis par l’Etat sénégalais et l’Union Africaine.C’est
aussi le prix à payer si l’Afrique veut mériter la confiance de la communauté
internationale qui l’estime désormais capable de juger ses propres enfants.
Pour les victimes, la seule présence de Habré est plus qu’une victoire. Le
verdict de ce procès doit résonner comme une sirène d’avertissement pour tous
les criminels d’Etat qui croient toujours en la persistance de l’impunité en
terre africaine.
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