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09 juin 2016

Mohamed Ali : une icône au-delà du ring

Nous sommes dans les années 1960: un jeune boxeur noir fait la une de la presse sportive américaine. Non seulement il remporte des victoires et glane des titres mais aussi il n’hésite pas à afficher avec fierté son identité dans une Amérique ou les courants racistes subsistent. C’est surtout cette audace qui fait de lui l’objet de toutes attentions. 


(Image INTERNET)

Ce descendant d’esclave a la carrière singulière s’appelle Cassius Clay. A dix-huit printemps, le jeune sportif est déjà médaillé d’or des poids mi-lourds aux JO de Rome. Trois ans plus tard, il terrasse en six rounds le champion du monde de l’époque, Sonny Liston. Mais il a fallu attendre février 1964 pour que le désormais Mohamed Ali( il s’est converti entre temps à l’Islam) grossisse le rang de la catégorie des lourds.

 Le champion rivalise désormais avec la crème des boxeurs américains. Il disputera des dizaines de combats dont le plus célèbre reste celui de Kinshasa en 1974 qui l’oppose à George Foreman. Alors que les sondages sous-estiment ses capacités face à cet homme au corps bien sculpté, Ali dément les pronostics en battant Foreman par K.O. Cependant, ses plus grandes batailles, le sportif les a menées hors du ring.

Si sa vision première est de voler de victoire en victoire, Mohamed Ali a aussi combattu pour revendiquer son identité noire. <<Je suis un Noir, je suis l’homme le plus fort du monde. On n’a pas  à s’excuser d’être Noir, on n’a pas à avoir l’air conciliant, on n’a pas à demander pitié aux Blancs. Au contraire, il faut revendiquer sa condition d’homme noir>>, déclarait-il en 1963. Pour un natif de Louisville, zone ou les scènes racistes sont une réalité quotidienne, survivre et se faire un nom n’ont pas toujours été chose facile.

 Il a fallu surmonter la résignation des siens et le regard des Blancs. Pour s’être trop contemplé à travers le prisme de l’homme occidental, le Noir a fini par lui ressembler. De tous les éléments pouvant servir  à l’identifier, il ne lui reste que la peau. L’histoire, la langue, la civilisation sont fortement altérées. Comme un individu sans repères, il erre dans un univers ou toutes les œuvres produites par des mains blanches lui paraissent extraordinaires.Le mythe de supériorité du Blanc se renforce ainsi dans des esprits qui s’évertuent sans cesse de se convaincre de leur incapacité. Les coups donnés par Mohamed Ali a l’adversaire  doivent réveiller les Noirs de leur léthargie et de leur faire prendre conscience de leurs potentialités.

L’autre ring du champion, c’est aussi celui des questions humanitaires. En pleine guerre froide, ce fervent musulman refuse de s’ajouter à la liste des soldats américains déployés au Viêt-Nam. Déchue de ses titres, la star échappe a la prison et maintenu hors des tribunes pour trois ans. << Ma conscience ne me laissera pas aller tuer mes frères ou de pauvres gens affamés dans la boue pour la grande et puissante Amérique. Comment pourrai-je tuer ces pauvres gens ? Mettez-moi en prison […]>> affirmait-il. Quelques mois avant son décès, Mohamed Ali continuait de s’indigner contre les nouveaux aspects de la guerre contemporaine que sont l’extrémisme et l’islamophobie :<< Je suis musulman et tuer des gens innocents n’a rien d’islamique. Les vrais musulmans savent que la violence impitoyable va contre les principes de notre religion. Nous devons résister a ceux qui utilisent l’islam pour faire avancer leur propre agenda personnel […]>>. Son extinction laisse un abime qui sera difficile à combler dans un monde ou les modèles se raréfient.

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