Ils
font partie du décor de nos villes, de nos quartiers surtout les plus anciens.
Ils sont présents aux coins des rues, sur les murs, aux carrefours. Que
véhiculent-ils comme information ou sont-ils uniquement les produits de quelque
esprit désœuvré ? Pour en savoir plus sur ce phénomène, il est important d’interroger
le cœur des graffiteurs et le regard du public.
Mot italien d’origine grec qui signifie « écrire, dessiner ou peindre », le graffiti n’est pas un produit contemporain. Il existait déjà depuis l’époque romaine. Mais, le graffiti tel que nous le connaissons aujourd’hui a été influencé par la culture hip-hop américaine des années 60. De caricatures sauvages et désordonnées, les graffitis sont maintenant devenus des créations artistiques bien élaborées. Les acteurs restent le plus souvent inconnus et le public aussi diversifié et hétérogène.
Moyen d’expression ou simple produit
graphique
A l’issue d’une enquête, je suis arrivée au résultat que c’est tout un cycle communicationnel qui se forme autour de ces graffitis et qu’ils nécessitent une analyse plus approffondie. Les graffiteurs émettent un message à travers leurs œuvres à l’endroit d’un public inconnu d’eux-mêmes. Toutefois, cela ne les empêche pas de s’exprimer pour autant. Les graffitis restent d’abord un moyen de communication à part entière.
A l’issue d’une enquête, je suis arrivée au résultat que c’est tout un cycle communicationnel qui se forme autour de ces graffitis et qu’ils nécessitent une analyse plus approffondie. Les graffiteurs émettent un message à travers leurs œuvres à l’endroit d’un public inconnu d’eux-mêmes. Toutefois, cela ne les empêche pas de s’exprimer pour autant. Les graffitis restent d’abord un moyen de communication à part entière.
Chercher
et retrouver les graffiteurs a été une tâche quasiment difficile. Situés dans
la tranche de 19 à 25 ans, ils sont de sexe masculin et leur niveau d’étude n’est
généralement pas très élevé. La plupart préfèrent généralement demeurer dans l’ombre
et, il n’est pas fréquent que les graffitis soient signés ou qu’un contact soit
donné. La piste pour les retrouver demeure ainsi brouillée. Cependant, certains
artistes y laissent une trace : un pseudonyme ou une signature discrète. D’abord,
le ‘’graff’’ répond à un besoin personnel d’expression tout comme l’écriture ou
la peinture. Pour l’un, « ça me permet de me défouler, de me décharger ».
Pour un autre, c’est un moyen de « dire ce que je pense ». Pour un
autre encore, c’est juste « un passe-temps, un moyen de m’occuper ». Toujours
est-il qu’une idée, un message reste caché derrière chaque graffiti. Par l’intermédiaire
de ces écritures ou peintures gravées sur les murs, l’auteur veut dénoncer une
situation, exprimer un mal-être ou véhiculer un message que parfois il est le
seul à comprendre. Vecteur informel d’expression, le graffiti reste aussi une
empreinte, une marque visible laissée dans le temps et l’espace. Les auteurs
expriment ainsi leur désir de marquer leur territoire, parce qu’ils
appartiennent le plus souvent à une couche sociale défavorisée.
Destinés
à des récepteurs, les graffitis suscitent aussi bien l’intérêt des uns que l’indifférence
des autres. Parmi ceux qui s’y intéressent, on note pour la plupart des gens
instruits empreints d’un certain sens d’analyse ; comme le révèle ce
fonctionnaire : « A chaque fois que j’arrive ici et que le feu rouge
s’allume, je ne peux m’empêcher de regarder ce graffitis. La première fois, j’ai
simplement ri mais à mesure que j’y suis confronté cela me porte à réfléchir. Pourquoi
le graffiteur a utilisé la langue anglaise comme code et pourquoi il l’a peint
à ce carrefour. Je suis convaincu qu’il existe bien des réponses à ces
questions ». Mais, il y en a aussi d’autres qui les regardent sans y
prêter grande attention.
Cependant,
beaucoup ne les remarquent même pas,
sauf s’ils sont particulièrement grands, tape-à-l’œil, coloriés ou si le
message véhiculé est fort ou choquant. Il est à rappeler qu’à l’inverse des
pays occidentaux, les graffitis ne font pas partie de nos cultures. Ils restent
encore méconnus et, leurs valeurs artistiques méprisées.
Mépris de l’artistique au profit du
vandalisme
Si
seulement ces artistes méconnus aux doigts magiques peuvent être considérés !
Cependant, seul le côté négatif est pris en compte. « Ils salissent les
murs pour rien », disent les uns. Pour d’autres, « ce sont des
délinquants qui refusent de travailler ». Pourtant, certains ont un avis
plus indulgent, « s’ils savent aussi bien dessiner et peindre, ils
feraient mieux de trouver un moyen plus légal et classique ». Il faut
reconnaitre que certains graffitis présentent une certaine finesse artistique
et d’autres par contre relèvent du domaine « sauvage » et désordonné.
Mais, le graffiti sur les murs peut toutefois ouvrir un chemin vers la galerie
ou la salle d’exposition. Ils ne seront plus considérés comme un acte de
gradation de l’espace public ou privé mais plutôt comme des œuvres d’art à part
entière. Cela permettra d’éduquer le public à ces pratiques afin qu’ils ne
soient pas systématiquement ignorés ou rejetés. Mais, l’idée de formalisation n’ôterait-elle
pas ce sens de liberté et d’autonomie si cher à ces graffiteur et faisant l’essence
même des graffitis ? Aussi, l’élitisme lié à la galerie ou à la salle d’exposition
est tout à fait contraire au désir de toucher un large public.
En
définitive, le graffiti dans les rues reste un moyen de reconnaissance comme le
souligne un graffiteur professionnel que j’ai rencontré: « Je suis
devenu professionnel par la rue. C’est à travers un graff sur un mur quelconque
qu’une grande personnalité m’a trouvé. Maintenant je reçois des demandes et je vis
désormais de ce travail. Mon désir, c’est de voir cet art pleinement reconnu et
pris en compte un jour ».
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Du nouveau: téléchargez désormais nos articles en PDF