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07 septembre 2016

Afrique mon Afrique,la Démocratie te dit « bonjour »



Pourquoi chez nous, ce concept semble si controversé, à la limite complexe ? Pourquoi beaucoup ne se sentent pas concernés ni indexés quand on en parle ? Elle semble si lointaine, inconnue, inaccessible et « hors contexte » pour bien des africains (surtout certains Chefs d’Etats : des exemples ? Je vous en fais grâce). Cependant, c’est en Afrique que des millions d’électeurs affichent dans les rues leurs insatisfactions à la suite de la proclamation des résultats. Eh oui, notre cher continent continue de battre le record de partis politiques dits d’ « opposition » disparates qui semblent en constant désaccord à la fois avec eux-mêmes et avec le pouvoir en place qu’ils disent combattre toutes griffes dehors… Dans une semaine, c’est-à-dire le 15 septembre prochain, ce sera la Journée Internationale de la Démocratie. C’est pourquoi nous y avons consacré le dossier de ce mois. Alors, parlons-en !



L’ancien président américain Abraham Lincoln (1809-1865) nous a laissé une des plus belles définitions : « la démocratie est le gouvernement du peuple par le peuple et pour le peuple. » Cependant, réduire le terme « Démocratie » à juste une définition, c’est lui faire le plus grand tort. Avant d’être complète, elle doit drainer d’autres  concepts comme l’État de droit, la liberté d’expression et d’opinion,  des pouvoirs juridique et militaire indépendants du pouvoir politique, la mise en place de systèmes politiques pour le choix et le remplacement du gouvernement par des élections libres et transparentes, le respect et la protection des droits de l'homme,  la transparence dans les affaires publiques … Tant que ces instituions ne seront pas acquises, parler de démocratie multipartite se limitera aux beaux discours stériles. 

Élections, alternance et démocratie

Le scénario est presque le même dans la majorité des pays africains, pour ne parler que des pays francophones. Avant, pendant et après les élections, les évènements ne sont que copies conformes : d’abord, campagnes électorales sur fond de violence, de soudoiement et d’achat des voix ; ensuite, des votes multiples, des fichiers électoraux « fait maison », des bourrages d’urnes par ci, l’emprisonnement de militants politiques par là ; et enfin la proclamation de résultats « connus d’avance » suivie de gigantesques crises sociales qui englobent tout ce que vous savez déjà : voilà présenté brièvement le triste tableau des élections en Afrique. Les événements du Burundi avant-hier, du Congo hier et du Gabon aujourd’hui nous interpellent vivement. Pourquoi, la Démocratie est-elle agressée par l’Afrique ? Pourquoi, tarde-t-elle à s’installer donc, cette foutue dé-mo-cra-tie ?
Loin de limiter le concept de Démocratie à celui d’élections libres et transparentes, il me semble cependant que l’un constitue un pas vers l’autre. Car, pour faire un long chemin, il suffit juste d’arriver à faire un pas. La plupart du temps, nous avons tendance à assimiler la démocratie aux élections paisibles et « transparentes ». Ceci semble se confirmer quand nous considérons les pays qui ont connu le plus grand nombre d’alternances sur le continent comme les plus « démocratiques ». Mais, en général, l’alternance n’est rien d’autre que la preuve de l’échec du sortant – du moins, c’est ainsi qu’elle est perçue dans les sociétés démocratiques. Mais, les élections ne sont garanties de démocratie que lorsqu’elles sont l’expression de la volonté du peuple. Autrement dit, ce n’est pas l’alternance qui fait la démocratie mais elle peut être un pas vers elle. Encore faut-il que le perdant accepte son échec et laisse la place au gagnant… Cela semble si rare dans les pays africains que les noms des Chefs d’Etat qui ont le courage et la magnanimité de le faire sont gravés dans l’histoire en tant qu’héros. Il est aussi à noter que paradoxalement celui-là même qui accuse le Chef d’Etat de s’accrocher au « trône » s’y colle une fois que lui-même y accède. Et, ainsi de suite…
 
Peuples africains, stand-up !

Les situations sociopolitiques qui prévalent en Afrique montrent combien piètres élèves sont nos Etats à l’école de la démocratie. L’avènement de la démocratie est mise à mal par la persistance de considérations tribales, ethniques, consanguines ou encore amicales dans la gouvernance. Toutefois, avec les exemples combien encourageants des pays comme le Nigéria, le Burkina Faso et récemment le Bénin qui se sont affranchis du cercle infernal de la non-alternance politique, il est temps, je présume, de redéfinir la démocratie en Afrique en abandonnant l’idée selon laquelle les sociétés africaines ne seraient pas adaptées à la démocratie en raison de leurs organisations  traditionnelles.
En outre, qu’elles en soient conscientes ou non, les populations se moulent généralement dans le rôle de spectateurs de leur destin, étant seulement aguerris pour contester les résultats frauduleux vu que le pouvoir de « faire partir X ou Y par les urnes » leur est confisqué. Mais, c’est là une sous-estimation de leur rôle et de leur pouvoir dans une société démocratique. Nous, sociétés civiles, sommes en premier lieu victimes de la mal-compréhension du terme « démocratie » et de sa pratique. Pour nous autres, elle s’apparente à un luxe que nos Etats ne peuvent s’offrir. Ainsi, sans le vouloir et parfois sans le savoir, nous nous faisons complices et acteurs du pauvre sort qui nous est réservé.
Eh bien, nous peuples africains, nous voulons la démocratie et la liberté. Nous voulons une démocratie, gage de paix et de développement durable qui préserve l’avenir de nos enfants et non qui les endette avant même qu’ils soient nés. Une démocratie qui fasse de nous un continent vraiment indépendant, un continent d’avenir…



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