Ils
passent leurs journées à tisser des fibres pour confectionner des étoffes. Eux,
ce sont les tisserands qui deviennent de plus en plus rares dans la capitale
togolaise. Et M. Samuel ZOTORGLO fait partie de ces perles rares qui ont su
résister à l’usure du temps.
Les professions les
plus intéressantes ne sont pas forcément les plus populaires. Sur la rue Oga à Nyekonakpoe(un
quartier populaire de Lomé), sous un hangar qui lui sert d’atelier, on remarque
un homme assis sur un métier manuel monté sur un cadre en bois. L’air absorbé
par son travail, il se livre avec attention à un jeu d’enchevêtrement de fils.
A l’aide de gros rouleaux placés au pied du métier, des fils de chaine chargés
en bobines sur des bobinoirs s’entrelacent harmonieusement avec ceux de trame fixés
en largeur. Par le biais d’une navette qui passe à travers le pas, la
combinaison aboutit à un produit magnifique : un textile aux motifs et
textures variés. Curieuse situation : ce joli spectacle ne retient pas
l’attention des passants peut-être déjà habitués.
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M. ZOTORGLO a l’œuvre |
<<Ce
travail reflète le savoir-faire et la créativité des Africains. Les étoffes confectionnées
sont originales et spécialement africaines. C’est un travail qui a de la valeur
et de l’estime>> affirme le monsieur en expliquant
sa passion pour le tissage. Une passion qui l’a conduite au Ghana ou il a suivi
une formation professionnelle de cinq ans. Dans ce pays, à la différence du
Togo, les pagnes occupent une place plus prépondérante dans les sociétés
et demeurent incontournables dans les coutumes et traditions. Ils sont au cœur
des célébrations et de tous les grands évènements. Les tisserands, loin d’y être
des oiseaux rares, pullulent dans toutes les contrées.
<<Pour
les Ghanéens, l’étoffe est synonyme de richesse, de royauté, de gloire et de
noblesse. Mon vœu le plus ardent est que la profession fasse florès au Togo
comme je l’ai observé au Ghana. >>avoue M. ZOTORGLO. A
ses côtés, se dresse un autre métier sur lequel un jeune homme s’applique à
tisser d’autres textiles.<<C’est
mon apprenti. Il m’est d’une grande aide. Le tissage est une tâche qui
nécessite concentration et esprit d’attention; et c’est plus facile quand on a
des apprentis avec soi.>> reconnait-il.
Aujourd’hui, beaucoup
de jeunes diplômés se retrouvent au chômage. Au lieu d’opter pour les métiers
du secteur tertiaire aux revenus immédiats, M. Samuel leur recommande
l’artisanat :<< C’est un trésor
qui s’acquiert au prix de la patience. C’est en recherchant en vain un emploi
que j’ai décidé d’embrasser ce métier et je ne regrette rien>>. La
plupart de ses clients sont des grossistes qui viennent s’approvisionner
essentiellement en écharpes de différentes variétés. Malgré le poids de l’âge,
ce père de famille espère encore filer, grâce à cette profession, des jours heureux
durant sa paisible vieillesse.
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