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02 juin 2016

Jacques Do Kokou, sur le « Chemin du vaudou » d’Agbodrafo à Ouidah

Que peut-on dire de ce voyage qui a duré presque 15 ans ? Sinon qu’il a été riche en découvertes, en ‘’réalités’’ saisies et immortalisées. Résultat : une exposition de 40 photographies, les unes plus captivantes que les autres. L’œil rivé dans l’objectif de son appareil photographique, il capte les ‘’merveilles’’ du culte vaudou, qu’il considère comme une religion à part entière. Séduit par les principes de cette religion légendaire d’Afrique et du Togo, il nous fait découvrir le vrai visage de ce patrimoine culturel du 23 avril au 15 juin 2016 à l’hôtel ‘’Onomo’’.






Lui, c’est Jacques Do Kokou, l’un des pionniers de la photographie et du cinéma au Togo. Pour avoir été témoin de différentes célébrations traditionnelles vaudou et autres festivals de divinités noires d’Agbodrafo à Ouidah entre 2000 et 2015, il n’est pas resté indifférent au côté fortement artistique et culturel. Que ce soit la centenaire ville d’Agbodrafo (Porto Seguro) lors des cérémonies de « kpantsotso » ou celle de Ouidah (Gléhoué) pendant la Fête du vodou en passant par les danses et chants des adeptes de la déesse des eaux ou « Mami wata », l’exposition raconte l’histoire commune des peuples de deux pays fortement liés par les divinités, les coutumes et les traditions.



« J’ai suivi pendant un certain nombre d’années, la fête du vodou à Ouidah au Bénin et la fête de « kpantchotcho » d’Agbodrafo au Togo, raconte   t-il. J’ai constaté que les adeptes invoquent lors des cérémonies, les dieux du Togo et ceux du Bénin, d’un côté comme de l’autre. Alors, je me dis, si ces croyants sont si unis pourquoi pas les communautés qui constituent nos pays, nos régions, le monde. Ensuite, j’ai remarqué – et vous aussi d’ailleurs sur les photos - les mêmes personnes sur les deux sites (Ouidah et Agbodrafo). Tout comme dans les relations entre les Etats, ces religions entretiennent des relations étroites, au-delà des frontières. »



            Tantôt en noir et blanc, tantôt en couleurs ou encore présentant en même temps les deux nuances, les images racontent chacune son histoire. Toujours est-il que l’auteur ne l’a fait exprès. « D’abord, je suis spécialiste du noir et blanc. Les photos de cette exposition, je les ai faites en couleurs, avant de convertir une partie en noir et blanc pour mettre en exergue certains éléments, notamment les perles. Pour attirer le regard, je mets certains éléments dans l’ombre, et d’autres en lumière… Ensuite, j’ai mis un accent particulier sur les accoutrements. Et, comme vous le savez, dans notre civilisation et dans nos cultures, les perles et les cauris ont une grande importance ». Il est à signaler que ceux qui sont étrangers aux traditions togolaises et africaines sont plus à même de les valoriser plus que les autochtones eux-mêmes. Cette situation conduit au fait que peu à peu les occidentaux s’approprient le culte des ancêtres.




C’est ce que M. Jacques Do Kokou déplore : « la plupart des photos sur le Togo avaient été faites par des expatriés, des européens. Et, le drame de notre civilisation est que les photos sur nos peuples se retrouvent plutôt dans de grands musées en occident, pendant qu’elles sont rares ici chez nous. Mon souhait est que les photos faites par des Africains puissent êtres conservées, exposées afin que les gens en fassent connaissance.  Au cas échéant, bientôt pour parler du vodou, nos enfants seront obligés de se tourner vers l’occident pour des documents sur leurs propres cultures. C’est grave ! Il est temps de renverser cette situation. C’est pourquoi à travers cette exposition, je lance un appel aux anthropologues afin que nous puissions travailler sérieusement pour laisser des éléments de recherches pour les générations futures. Mes projets de photographies sont donc nés du désir de valoriser nos  identités, nos cultures ». Il continue en disant : « Je suis témoin de mon temps. Je mets en image ce qui se passe actuellement. Et dans les années à venir, ces photos peuvent être représentatives dans un musée, à l’instar de cette culture du vodou que nous avons chez nous. C’est tout comme au niveau des arts plastiques, notre pays a le devoir de collectionner les œuvres de nos artistes plasticiens. L’Etat, et non pas seulement les particuliers, doit commencer par acquérir ces œuvres-là pour que demain, elles puissent apparaître dans le musée national ».




            En ces temps où notre culture est influencée et son authenticité fortement menacée par d’autres cultures, l’exposition de M. Jacques Do Kokou nous fait un rappel pressant. C’est l’occasion de jeter un nouveau regard sur notre identité et nos valeurs traditionnelles. Au lieu de diaboliser les pratiques traditionnelles, il faudra plutôt les étudier et faire la part des choses afin de reconnaître leurs côtés positifs. 

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