C’est le triste spectacle auquel assistent la Préfecture des
Lacs et ses environs. Chaque année, le niveau de l’océan monte d’environ 12 à
15 m. D’importantes surfaces de plages sablonneuses sont envahies par la mer et
les falaises s’écroulent sous le poids des vagues. Mais les prévisions
scientifiques ne sont pas optimistes : l’avancée de la mer s’accentuera
dans les années à venir et la ville pourrait disparaitre de la carte du Togo.
Cette situation désastreuse a occasionne la destruction de nombreuses
habitations côtières, emportées ou endommagées par les flots. Dans d’autres
milieux, l’infiltration des eaux océaniques dans les nappes phréatiques
entrainent la salinisation des eaux souterraines qui deviennent impropres à la
consommation.
La qualité du sol se dégrade aussi considérablement rendant
impossibles l’agriculture et autres travaux liés à l’exploitation des terres.
Impuissantes, les populations n’ont plus d’autres choix que de déménager. Les
zones à forte concentration humaine sont les plus vulnérables. Dans ces régions,
l’érosion côtière et la disparition du patrimoine culturel et artistique des
littoraux mettent en péril les activités touristiques désormais vouées à la
disparition. D’où provient ce phénomène qui menace nos côtes ?
Les origines du phénomène
Les premières causes de cette catastrophe que vivent tous
les pays côtiers du monde sont climatiques. Ces dernières décennies, sous
l’effet du réchauffement climatique, d’importantes quantités de glaciers et de
calottes polaires ont fondu, déversant leurs contenus d’eau douce dans la mer.
Cette hausse extrême des températures provoque une expansion thermique des eaux
recouvrant la surface de la Terre. Les océans, en se dilatant, prennent plus de
volume et leurs niveaux s’élèvent. De plus, de nos jours, les eaux de
consommation provenant des puits et des forages finissent dans la mer. A toutes
ces causes communes, il convient d’ajouter les récents travaux de construction
du 3eme quai du Port Autonome de Lomé qui a nécessité le drainage des courants
d’eaux marines venues s’accumuler au niveau d’Aného et au-delà des cotes béninoises.
L’avancée de la mer est aussi favorisée par l’extraction du gravier et du sable marin servant aux activités de construction d’habitation. Malgré le décret du gouvernement interdisant cette activité qui facilite la montée de l’océan et redirigeant les constructeurs vers un autre site situe à Zanguera, elle se poursuit de manière clandestine sur certaines plages. Un tour dans la semaine a Baguida ou Avepozo suffit pour s’en rendre compte. Les populations riveraines désespérées ne cessent d’appeler le gouvernement au secours : des digues doivent être renforcées et des espaces côtiers naturels protégés afin de freiner la catastrophe et régénérer les plages.
Une mer jaune
L’autre mal qui gangrène les cotes togolaises est la pollution marine résultant de l’exploitation du phosphate. Les plages d’Aného ressemblent plus à des eaux boueuses d’un village enclavé aux terres argileuses. Étouffées par la toxicité de la mer, plusieurs espèces de poissons périssent ; d’autres réussissent à migrer plus loin. Les pêcheurs sont désormais obligés d’aller jeter les filets en haute mer avec les risques et périls que cette aventure comporte. Cependant chose curieuse : aucun media n’en parle. Seule la politique qui peut faire couler beaucoup d’encre et de salive.Silence de cimetière
Le comble du malheur est le mutisme des autorités compétentes du milieu. Exiger de la SNPT des normes de respect de
l’environnement et de la biodiversité marine, ce n’est pas leur tasse de thé.
Sans une prise de conscience réelle des dégâts écologiques
en perspective, le Togo deviendra surement une référence dans le monde : << le pays a la mer jaune>>
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