'""'>

20 août 2015

L’Accord Politique Global : neuf ans après




Dans le souci de raffermir la démocratie, la paix sociale et de recoudre le tissu social, le gouvernement, six organisations politiques ainsi que deux de la société civile se sont retrouvés du 07 au 19 aout 2006 dans la capitale du Faso autour d’une table de concertations et de séances de travail. A l’issue de ces discussions empreintes de sincérité et de fraternité a été signé un Accord Politique Global qualifié d’<<historique>> qui visait à rétablir la confiance mutuelle et la sérénité. Neuf ans après, quel bilan peut-on en dresser ?

Un accord à la solde du pouvoir

Après les évènements malheureux qui ont suivi le décès d’Eyadema Gnassingbé et consacré l’élection toujours contestée de son fils, la priorité du régime de l’époque parait évidente : légitimer son pouvoir. Ainsi, en multipliant ses voyages à l’étranger  durant les deux premières années de son mandat, le nouveau chef de l’Etat entendait se débarrasser d’une image entachée de violence et tachetée de sang. Dans le même sillage, Faure Gnassingbé a procédé le 18 novembre 2005 au lancement du dialogue inter-togolais qui aboutira à la signature de cet accord sous la houlette de l’ancien président burkinabè Blaise Compaoré. Face aux défaillances remarquées dans la mise en œuvre des recommandations dudit accord, tout porte à croire que les autorités n’avaient soutenu cette initiative que dans le but d’assouvir des ambitions politiciennes et d’auréoler leurs discours. En effet, le président de la République a repris du poil de la bête, avec la reprise de la coopération avec l’Union Européenne préconisée par la disposition 5-4 et la relance d’une économie écroulée depuis les années 90. Le désormais<<apôtre de la paix>> s’est vu conforté dans ses fonctions.

Des avancées significatives

Depuis la signature de cet accord, liberté d’expression, démocratie et bien d’autres ont connu un progrès remarquable. Malgré les initiatives infructueuses dont le Cadre Permanent de Dialogue et de Concertation(CPDC) qui a été un véritable fiasco, une avancée significative est à noter. Dans le secteur des medias d’Etat, des efforts ont été consentis et se consolident pour assurer l’accès équitable aux partis politiques. Les activités de plusieurs partis d’opposition ont été ainsi couvertes et diffusées ; ce qui n’était pas envisageable dans un passe récent. Concernant le pourcentage des candidatures féminines, on observe une plus grande représentation des femmes dans la vie politique et dans les processus électoraux. Toutefois, la diminution de leur nombre dans l’actuel gouvernement est à déplorer. Le rapatriement et la réinsertion des réfugiés et personnes déplacées a été aussi accéléré par des mesures incitatives a l’instar de la suppression du visa pour les Togolais de la diaspora. A propos de l’union nationale, les gouvernements qui se sont succédé depuis la signature dudit accord ont été caractérisés par une ouverture aux partis d’opposition et organisations de la société civile. Sur ce point, il faut signaler que l’actuelle équipe gouvernementale constitue une exception avec le retour en force des hommes du sérail au détriment des personnalités de l’opposition et des technocrates.

Beaucoup reste à faire

Les progrès sus-cités ne doivent pas faire perdre de vue le chantier qu’il reste à parachever. La question du caractère national et républicain de l’armée se pose toujours. En effet, tous les signataires de l’accord ont été unanimes sur la vocation apolitique des forces de sécurité. Malheureusement, c’est le contraire qui se constate : l’armée semble confondre sa mission de défense de l’intégrité du territoire avec celle du maintien de l’ordre et de la sécurité publiques qui revient de droit à la police et à la gendarmerie. L’ incident de Glei est toujours dans les mémoires. Un autre volet de cet accord est l’éradication de l’impunité des actes de violence a caractère politique. Celle-ci ne sera possible qu’avec la reforme et la modernisation du système judiciaire, gages de compétence, d’intégrité et d’esprit d’indépendance de la Justice. Le point focal de cet accord est, on ne saurait le passer sous silence, la poursuite des reformes institutionnelles et constitutionnelles nécessaires a la consolidation de l’Etat de droit et de la bonne gouvernance. De Yawovi Agboyibo a Ahoomey-Zunu en passant par KomlanMally et FossounHoungbo, les promesses de faire des reformes une réalité furent transformées en feu de paille. Beaucoup y voient un manque de volonté politique des gouvernements face à une opposition à la passivité notoire.
Pour l’enracinement de la démocratie, il convient de convier toutes les parties en particulier le pouvoir au respect de la parole donnée et des engagements pris.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Du nouveau: téléchargez désormais nos articles en PDF