Dans le souci de raffermir la démocratie,
la paix sociale et de recoudre le tissu social, le gouvernement, six
organisations politiques ainsi que deux de la société civile se sont retrouvés
du 07 au 19 aout 2006 dans la capitale du Faso autour d’une table de
concertations et de séances de travail. A l’issue de ces discussions empreintes
de sincérité et de fraternité a été signé un Accord Politique Global qualifié
d’<<historique>> qui visait à rétablir la confiance mutuelle et la sérénité.
Neuf ans après, quel bilan peut-on en dresser ?
Un accord à la solde du pouvoir
Après les évènements malheureux
qui ont suivi le décès d’Eyadema Gnassingbé et consacré l’élection toujours contestée
de son fils, la priorité du régime de l’époque parait évidente : légitimer
son pouvoir. Ainsi, en multipliant ses voyages à l’étranger durant les deux premières années de son
mandat, le nouveau chef de l’Etat entendait se débarrasser d’une image entachée
de violence et tachetée de sang. Dans le même sillage, Faure Gnassingbé a procédé
le 18 novembre 2005 au lancement du dialogue inter-togolais qui aboutira à la
signature de cet accord sous la houlette de l’ancien président burkinabè Blaise
Compaoré. Face aux défaillances remarquées dans la mise en œuvre des
recommandations dudit accord, tout porte à croire que les autorités n’avaient
soutenu cette initiative que dans le but d’assouvir des ambitions politiciennes
et d’auréoler leurs discours. En effet, le président de la République a repris
du poil de la bête, avec la reprise de la coopération avec l’Union Européenne préconisée
par la disposition 5-4 et la relance d’une économie écroulée depuis les années
90. Le désormais<<apôtre de la paix>> s’est vu conforté dans ses
fonctions.
Des avancées significatives
Depuis la signature de cet
accord, liberté d’expression, démocratie et bien d’autres ont connu un progrès
remarquable. Malgré les initiatives infructueuses dont le Cadre Permanent de
Dialogue et de Concertation(CPDC) qui a été un véritable fiasco, une avancée
significative est à noter. Dans le secteur des medias d’Etat, des efforts ont
été consentis et se consolident pour assurer l’accès équitable aux partis
politiques. Les activités de plusieurs partis d’opposition ont été ainsi couvertes
et diffusées ; ce qui n’était pas envisageable dans un passe récent. Concernant
le pourcentage des candidatures féminines, on observe une plus grande représentation
des femmes dans la vie politique et dans les processus électoraux. Toutefois,
la diminution de leur nombre dans l’actuel gouvernement est à déplorer. Le
rapatriement et la réinsertion des réfugiés et personnes déplacées a été aussi accéléré
par des mesures incitatives a l’instar de la suppression du visa pour les
Togolais de la diaspora. A propos de l’union nationale, les gouvernements qui
se sont succédé depuis la signature dudit accord ont été caractérisés par une
ouverture aux partis d’opposition et organisations de la société civile. Sur ce
point, il faut signaler que l’actuelle équipe gouvernementale constitue une
exception avec le retour en force des hommes du sérail au détriment des personnalités
de l’opposition et des technocrates.
Beaucoup reste à faire
Les progrès sus-cités ne doivent
pas faire perdre de vue le chantier qu’il reste à parachever. La question du caractère
national et républicain de l’armée se pose toujours. En effet, tous les
signataires de l’accord ont été unanimes sur la vocation apolitique des forces
de sécurité. Malheureusement, c’est le contraire qui se constate : l’armée
semble confondre sa mission de défense de l’intégrité du territoire avec celle
du maintien de l’ordre et de la sécurité publiques qui revient de droit à la
police et à la gendarmerie. L’ incident de Glei est toujours dans les mémoires.
Un autre volet de cet accord est l’éradication de l’impunité des actes de
violence a caractère politique. Celle-ci ne sera possible qu’avec la reforme et
la modernisation du système judiciaire, gages de compétence, d’intégrité et
d’esprit d’indépendance de la Justice. Le point focal de cet accord est, on ne
saurait le passer sous silence, la poursuite des reformes institutionnelles et
constitutionnelles nécessaires a la consolidation de l’Etat de droit et de la
bonne gouvernance. De Yawovi Agboyibo a Ahoomey-Zunu en passant par KomlanMally
et FossounHoungbo, les promesses de faire des reformes une réalité furent transformées
en feu de paille. Beaucoup y voient un manque de volonté politique des
gouvernements face à une opposition à la passivité notoire.
Pour l’enracinement de la
démocratie, il convient de convier toutes les parties en particulier le pouvoir
au respect de la parole donnée et des engagements pris.
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